dimanche 11 octobre 2015

Récidive: Atelier d'écriture 191



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 Merci à Bricabook  pour la proposition d'atelier et à  Knot pour la photo!!!

Une lumière dans la nuit,

Oh non !! Ils ont laissé la lumière extérieure allumée ! C’est signe qu’ils m’attendent. Quelle heure est-il ? Non ! Deux heures du matin !!! J’ai donc… 2 heures de retard ! Je vais me faire incendier.

Pour une fois que j’avais obtenu la permission de sortie… enfin, plutôt arrachée la permission de sortie. Devoir se battre autant pour une simple permission de minuit! C’est énervant ! J’ai quand même 17 ans. J’ai toujours été raisonnable. Jamais je n’ai outrepassé  les règles. Jamais je ne les ai contredis. Jamais je ne les ai critiqués. Jamais…
Pourtant ce n’est pas l’envie qui me manque. Quand je les vois si engoncés dans leurs petites habitudes, dans leur train-train quotidien. Est-ce pour se rassurer que toute leur vie est ritualisée ? Mais alors de quoi ont-ils peur ?
 Quand j’en parle avec mamie, elle non plus ne comprend pas. Elle me dit qu’ils n’étaient pas comme ça quand ils se sont rencontrés, ni même après leur mariage. Est-ce mon arrivée sur terre qui les a plombés comme une balle dans l’aile d’une perdrix ? Craignent-ils de ne pas être de bons parents ? Craignent-ils le regard des autres ?
Je sais ce qu’ils vont me dire : « On ne peut pas être sûrs des autres, de leurs comportements. » ou alors «  avec tous ces détraqués qui traînent dehors ». Peut-être que c’est en moi qu’ils n’ont pas confiance !
Comme si  j’allais faire la révolution !!!
Et que vais-je bien pouvoir leur dire ?
« La vérité » me dirait ma grand-mère. Mais ils ne pourraient pas la comprendre la vérité. Ils vont penser que je mens si je leur dis que nous n’avons rien fait. Alors que c’est vrai. Nous n’avons rien fait. Ou plutôt si, nous avons fait plein de choses mais pas ce qu’ils pensent. Nous n’avons que parlé. De tout, de rien. De nous. Du reste du monde. De la vie, de la mort. Du passé et du futur. De nos envies et de nos dégoûts. C’était si intense. Les mots s’enchainaient les uns aux autres. Parfois précipités, parfois de façon plus lente,  juste comme de l’eau qui coule.
C’est un peu comme si cette soirée avait été une bulle. Une bulle d’oxygène dans ma vie. J’ai l’impression d’avoir découvert quelqu’un. D’être enfin devenue adulte. Pour une fois, je n’étais pas différente des autres. J’étais moi-même, acceptée comme je suis : avec mes forces, mes faiblesses, mes qualités, mes défauts.
Et là, cette lampe c’est comme une aiguille qui percerait ma bulle. Un atterrissage forcé. Loin d’éclairer ma soirée, elle l’assombrie.
Je peux comprendre qu’ils soient inquiets. Mais je ne peux pas supporter cette inquiétude. Elle me renvoie trop de choses. C’est comme s’ils me pensaient incapable de faire face, de prendre les bonnes décisions. Comme si j’étais encore un être faible à protéger alors que je me sentais tout d’un coup forte et apte à affronter le monde.
Une lumière qui éteint. Bon allez je dois entrer, pousser cette porte en gardant à l’esprit que je les aime et qu’ils m’aiment… que c’est leur amour qu’ils me montrent dans cette lumière restée allumée.

7 commentaires:

  1. Tu rends très bien la relation complexe entre les parents et leur ado ! Et je parle d'expérience ;-) !

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  2. Et dire qu'ils voulaient peut-être juste lui laisser la lumière pour qu'elle ne tombe pas dans les escaliers!

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  3. Ah bien vu, la lumière allumée, détail qui a son importance, en effet ! Sympa d'avoir construit cette histoire autour. :)

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  4. Jolie scène, moment "important" de la vie d'un ado. Bien écrit :-)

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