samedi 26 décembre 2020

Rosine une criminelle ordinaire (Sandrine Cohen)

  Rosine - une criminelle ordinaire

 Mon résumé :

Au dire de ses amis, de sa famille, de ses collègues, Rosine est une amie, une mère, une femme et une collègue parfaite. Toujours d’humeur égale, sociable, attentionnée. Elle adore ses deux filles de Chloé (4 ans) et Manon (6 ans). Rien de plus « normal » puisqu’elle est, elle-même, la fille d’un couple modèle. Seule la mort de sa mère, un an avant, a séparé ses parents après 50 ans de mariage.

Mais alors, pourquoi, ce soir du 6 juin 2018, a-t-elle maintenu les têtes de ses deux filles sous l’eau ? Est-ce parce que son compagnon lui a annoncé qu’il allait « réfléchir » ?

Clélia, enquêtrice de personnalité auprès du tribunal, parviendra-t-elle a trouver une explication « rationnelle » à un tel crime ?

Mon avis :

Certains livres se lisent en apnée. A peine déchiffrée la première phrase vous ne pouvez vous empêcher de lire la suivante, et celle d’encore après… et cela jusqu’au point final.

Parce que vous avez envie de savoir.

Parce que vous devez savoir.

Parce qu’il vous faut l’explication de ce qui s’est passé.

Et aussi parce que dès le début, les personnages, l’écriture, un « truc » dans la première phrase vous ont donné envie de savoir. Vous savez que si vous arrêtez votre lecture, si vous posez le livre avant la fin, il vous manquera quelque chose, une sensation d’inachevé vous poursuivra.

A mon humble avis de lectrice, « Rosine, une criminelle ordinaire » en fait partie de ces livres impossible à lâcher.

Pourquoi ?

D’abord par les personnages. Que ce soit Rosine, Clélia, Isaac, Samuel, ou les autres ils sont tous forts, attachants.

Parce que Rosine, même si elle a commis un double infanticide, est aussi celle qui va accepter de réfléchir sur son passé, sur ce qui a pu la conduire, elle la femme « ordinaire » à cet acte horrible. Une tâche ardue qui implique de revisiter son passé, d’accepter de concevoir que sa vie si « idyllique » a pu être bâtie sur des mensonges, des mensonges des autres mais aussi des mensonges qu’elle a pu se faire à elle-même. Il n’est pas simple d’accepter de se remettre ainsi en question toute son existence.

 Parce que Christophe, qui est l’ex-mari de Rosine, le père des 2 victimes, pourrait basculer dans la haine de son ex-femme Mais il ne le fait pas. Au contraire, il va être celui qui la soutient, celui qui l’aide dans sa recherche de la vérité, dans sa recherche de clé(s) de compréhension. Parce que Christophe a compris que la haine ne ramènera pas les deux enfants. Parce qu’il fait le choix de la compréhension plutôt que celui du jugement.

Parce qu’Isaac Delcourt, juge d’instruction, est lui qui charge Clélia d’enquêter. Il est celui qui réfléchit avec elle, qui l’aide dans son analyse de la situation. J’ai aimé le duo Isaac-Clélia, la façon dont ils « pensent » à deux, dont ils construisent leur réflexion en mettant en commun leurs idées, leurs ressentis et leurs analyses. J’ai aimé aussi la façon dont Isaac pose des limites à Clélia, l’empêche de déborder sans pourtant la « brider ».

Enfin parce qu’il y a Clélia. C’est elle qui est chargée d’enquêter sur la personnalité de Rosine, elle qui va fouiller le passé de cette « criminelle ordinaire » pour aller à la recherche de ce qui a fait basculer cette femme, à la vie quasi « idéale » du côté l’infanticide.  Comment ne pas être d’accord avec sa conviction que « Il y a toujours ou presque une raison, un élément de vie qui permet de comprendre un passage à l’acte criminel, personne ne tue juste comme ça ».  Comment ne pas admirer sa ténacité vis-à-vis de la recherche des causes véritables de l’infanticide. Comment ne pas l’admirer, elle, dont on sent bien pourtant qu’elle cache des choses sur son passé. Au fil de pages le lecteur ne peut s’empêcher de se poser des questions : Pourquoi la future libération d’un certain Varennes lui fait-elle aussi peur ? Quel est le lien qui l’unit à Isaac ? professionnel ?  Amical ? Amoureux ? J’ai vraiment apprécié ce personnage de femme, impulsive, prête à tout pour connaitre la vérité. J’ai aimé à la fois sa droiture, son intransigeance et son regard sur l’être humain, son regard sur les crimes, sa perception des rapports humains.

Si je devais donner un fil conducteur de ce livre ce serait l’idée que le passé contient souvent une explication du présent. Attention, à aucun moment il n’est question d’excuser pas le présent mais plutôt de l’expliquer, de l’éclairer sous un autre jour. J’adhère vraiment à cette idée que connaitre le passé, les relations des enfants avec leurs parents, des parents entre eux, des gens entre eux peut permettre de mieux comprendre le présent, et peut-être aider à changer le futur.

J’ai aussi aimé l’écriture de Mme Cohen, qui a aucun moment ne tombe dans le misérabilisme. A aucun moment, l’auteur ne tombe dans le travers de dire qu’il « n’est pas grave d’avoir tué ses enfants ». J’ai vraiment été touchée par les réflexions de l’auteur sur les relations familiales, sur les crimes et leur raison.

Vers la fin du livre il est écrit « Il reste toujours des traces après cette plongée en apnée dans la vie d’un criminel ordinaire ». Alors, Mme Cohen, pour répondre à votre gentille dédicace (dont je vous remercie) je peux vous dire que, vos personnages ne m’ont pas seulement touchée et émue, ils vont laisser une trace dans ma vie de lectrice. Et j’espère très bientôt retrouver Clélia et Isaac…

mardi 15 décembre 2020

L’amant ( Kan TAKAHAMA)

 L'Amant | Rue de Sèvres         


  • L’amant ( Kan TAKAHAMA)
  • Éditeur : RUE DE SEVRES (22 janvier 2020)
  • Langue : : Français
  • Broché : 156 pages
  • ISBN-10 : 2369819081
  • ISBN-13 : 978-2369819080


Mon résumé :

 La jeune Marguerite Duras a 15 ans et demi quand, sur le bac qui la ramène à Sadec, elle rencontre « le chinois ». Le riche jeune homme lui propose de l’accompagner, elle la jeune fille blanche dans l’Indochine des années 30, jusqu’à Saigon en voiture.

La mère de Marguerite ayant des problèmes d’argent (à cause d’un de ses fils) Marguerite voit dans le jeune homme un moyen d’obtenir de l’argent. Ce qu’elle n’a pas prévu c’est que le jeune homme tombe fou amoureux d’elle. Il lui fera découvrir les plaisirs corps.
Mais ils n’évoluent pas dans les mêmes sphères …

 

Mon avis :

 

Avec cette BD je découvre à la fois Marguerite Duras et Kan Takahama.

De la première j’ai souvent entendu dire que ses livres étaient ennuyeux. Je ne sais pas si c’est grâce à la forme illustrée, en tout cas, j’ai été agréablement surprise par l’histoire. Par le thème : la relation entre une adolescente et un homme plus âgé, la découverte par cette dernière des plaisirs du corps. J’ai aussi été surprise par la liberté dont jouissait la jeune fille pourtant dans une pension et allant au lycée.  Je n’ai pas réussi à savoir si la jeune fille était un peu amoureuse de lui. J’ai trouvé plutôt beau l’amour du jeune homme pour elle, la durabilité de celui-ci puisqu’il durera longtemps après leur rupture obligée.

De la seconde qui mis l’histoire en image, je n’avais jamais entendu parler. Ce que j’ai vu dans ce « L’amant », m’a franchement séduite. J’ai apprécié les couleurs pastelles utilisées.  Il en émane une certaine douceur je trouve. J’ai apprécié de voir le visage de l’héroïne évoluer au fil de l’histoire. Qu’elle puisse avoir des cernes quand elle est fatiguée, je trouve cela intéressant : dans certains romans graphiques, les personnages ont toujours le même visage, comme si les épreuves traversées ne les atteignaient pas au niveau physique. Un autre point positif est le fait que le visage de la Marguerite de 15 ans, n’est pas forcément celui d’une jeune première. Elle ressemble finalement à une ado un peu ordinaire. Cela la rend plus humaine, plus proche du lecteur. J’ai apprécié la pudeur qui ressort des sexes d’intimité entre Marguerite et son amant. Il est clair qu’il s’agit de scènes de sexe, mais la pudeur du dessin permet de ne pas gêner le lecteur.  Enfin j’ai adoré les « illustrations du Mékong, très belles couleurs, l’harmonie qui s’en dégage…

 

Je remercie les éditions « Rue de Sèvres » pour cet envoi et cette belle découverte.

vendredi 4 décembre 2020

Luminous Blue ( Kiyoko Iwami)

 Luminous blue, tome 1 par Iwami

Mon résumé :

 Kô Tarumizi est une jeune lycéenne. Passionnée de photos elle est donc enchantée d’être transférée dans le lycée où officie son idole, la jeune Uchicho Hayama. Mais voilà, elle apprend en arrivant que le club photo du lycée est fermé, faute de participant.

Il en faut plus pour la décourager. Dans l’espoir de le relancer, Kô décide de participer au concours national de photographie lycéen.

Pour ce faire, elle doit choisir un sujet. C’est celui de l’intimité de 2 filles de sa classe, Nene et Amane qui remporte son choix. Du moins jusqu’à ce qu’elle apprenne que les 2 adolescentes en question sont sorties ensembles et ont rompu l’année précédente.

Mon avis :  

Je tiens d’abord à remercier le site « Babelio » qui m’a fait parvenir ce manga à la suite de sa dernière « masse critique ».

J’avoue avoir eu du mal à rentrer dans l’histoire. Est-ce parce que les personnages sont des adolescentes que j’ai eu du mal à m’identifier ?  Est-ce parce qu’à plusieurs reprises j’ai eu du mal à différencier les personnages (certains dessins se ressemblent) et donc eu la sensation d’être perdue ?  Je ne sais pas, sans doute un cumul de ces deux raisons.

Quoi qu’il en soit, je ne pense pas que ce manga ne me laissera surement pas un grand souvenir.

Je note cependant un point gros point positif pour cet opus. Il est du point de vue du sujet. Je ne parle pas du concours photo mais du fait qu’il traite d’une histoire d’amour … entre 2 filles. Il est également question de la fin de cette histoire, de la question d’une possibilité de poursuivre sur un plan amical après une rupture… Des thèmes que je trouve très innovants pour un manga à destination d’un lectorat adolescent.

Je peux aussi dire que j’ai apprécié les dessins, même s’ils sont plutôt classiques.