dimanche 21 février 2021

Nos corps étrangers ( Carine Joaquim)

 

  • Nos corps étrangers ( Carine Joaquim)
  • La Manufacture De Livres
  • Prix: 19,90 euros
  •  232 pages
  • Parution le 07/01/2021
  • ISBN 978-2-35887-724-4

Mon résumé :

Elisabeth, Stéphane, Maëva, ils sont trois à être devenus des corps étrangers. Les uns pour les autres mais aussi pour eux-mêmes.

Pour essayer de reconstruire un semblant de famille, pour prendre un nouveau départ, ils se sont « expatriés » en province.  Mais ce n’est pas aussi simple.

Les traces laissées par le départ puis le retour de Stéphane, quelques années auparavant pour une autres sont profondes dans le corps d’Elisabeth au point que celui-ci lui est devenu quasiment étranger.

Stéphane, après avoir connu le corps d’une autre peine à réapprendre celui de sa femme. Et ce n’est pas le rythme « métro-boulot-dodo » qui va arranger les choses. Maëva, elle, à 15 ans et entame sa crise d’adolescence… sans le soutien de ses amies restées à Paris… Comment dès-lors trouver, créer des nouveaux repères ?

 

Mon avis :

Wahou ! Voici un livre plus que déstabilisant.

Pourtant le concept est plus que « rebattu ». On ne compte plus les livres sur des couples/familles qui déménagent pour essayer de se retrouver. Ici l’originalité réside d’abord dans l’alternance des narrateurs. La prise en charge du récit tant par les 3 personnages principaux mais aussi par certains personnages « secondaires » permet d’enrichir le récit. Cela permet de voir, de ressentir comment chacun perçoit la situation, l’évalue, s’y adapte, comment chacun perçoit les autres et peut justifier de son « action ». On découvre les espoirs et les déceptions,  les points forts et les failles de chacun. On comprend mieux les réactions , les silences et les « trop-dits ». Et subrepticement on se glisse dans la peau de chacun. Comment dès lors ne pas s’attacher aux personnages ?

C’est en effet une autre force de ce livre : impossible de ne pas s’attacher. Impossible de rester en retrait, de ne pas ressentir quelque chose. Révolte, colère, déception, ou coup au cœur : on ne peut pas rester en retrait, neutre. Et la fin tombe comme un coup de poing dans le ventre, comme un coup dans le cœur. Laissant des traces indélébiles chez le lecteur.

Enfin j’ai apprécié l’écriture qui parle de sentiments sans tomber dans le sentimentalisme. A aucun moment je n’ai eu la sensation que l’auteur jugeait ses personnages ou leurs actes. Elle expose les actes, tente de donner les motivations… au lecteur de se faire son opinion, d’appliquer sa grille de lecture…

Une lecture coup de cœur, !!!

 

Citations :

« Pour aller mieux, Elisabeth avait besoin de se sentir vide. Elle s’allégea donc pour se débarrasser du poids des maux. »

« Oh mon père […] Il travaille tout le temps, se plaint des transports. […] Et ma mère répond en parlant des oiseaux qu’elle peint. Et après ont dit que c’est moi qui fais la gueule sans arrêt et qui refuse d’avoir des conversations avec eux.

samedi 13 février 2021

Sur le fil, au secours nous sommes borderline (Christine Deroin, Manon Beaudoin)

 Sur le fil

  • Sur le fil, au secours nous sommes borderline (Christine Deroin, Manon Beaudoin)
  • Éditeur : Le Muscadier (14 janvier 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 94 pages
  • ISBN-13 : 979-1096935710
  • Âge de lecture : 12 années et plus

Mon résumé :

 C’est dans la salle d’attente de leur psychologue que Julien et Aude font connaissance.  Sans jamais se parler et en ne se croisant qu’une fois par semaine, l’espace de quelques secondes, les deux adolescents commencent à nouer une relation.  En plein XXIème siècle c’est grâce à un moyen de communication vieux comme le monde qu’ils parviennent à se livrer l’un à l’autre : de simples petits mots manuscrits, laissés dans une cachette (un tiroir dans la salle d’attente).

Au fil de leurs séances respectives, ils se racontent, se confient, comme jamais avant. Si la communication passe bien c’est par ce qu’ils ont un point commun. Un point commun non négligeable : ils sont tous les deux « sur le fil », borderline comme on dit…

Mon avis :

Voici une lecture bien particulière mais très intéressante.

La particularité de ce livre est double. Elle réside d’abord dans la forme : l’alternance entre les « épisodes » des histoires de Julien et Aude, et des chapitres intitulés « le mot de la psy ». Chaque passage est bien identifié tant par la typographie que par la mise en page (bordures de pages différentes, morceaux de texte mis en exergue…). Le style d’écriture est également différent : de la narration à l’écriture « documentaire ».

L’idée d’alterner les passages romancés et les passages plus explicatifs permet à la fois au lecteur de respirer (en ne le noyant pas dans les termes scientifiques, psychologiques) et aussi de faire le lien entre le vécu des protagonistes et les explications quant à ce vécu. Cela renforce le poids des explications psychologiques je pense. Chaque épisode de l’histoire de Julien et Aude se trouve « éclairé » par les explications.

La deuxième particularité est le sujet : peu de livres à destination des adolescents abordent le sujet du trouble de la personnalité borderline.  Un trouble de la personnalité dont les premières manifestations ont souvent lieu à l’adolescence, et qui n’est pas facile à diagnostiquer. En effet, les symptômes peuvent être assimilés à une classique crise d’adolescence. Or, une prise en charge spécifique est nécessaire pour aider les patients à apprendre à le connaitre et à vivre avec au quotidien.

Travaillant avec des adolescents qui ont, en plus d’une déficience intellectuelle, des troubles psychiatriques, ce sujet me parle particulièrement.

 J’ai apprécié les passages « psy » car ils expliquent très clairement :  les origines de ce trouble de la personnalité borderline, les conséquences possibles (sans aucun tabou) mais également les solutions possibles.

A aucun moment ce livre n’est culpabilisant : ni pour les parents (non ils ne sont pas toujours les responsables), ni pour les jeunes qui vivent avec ce trouble. Il souligne l’importance d’une prise en charge adaptée pour pouvoir vivre avec le trouble de la façon la plus « sereine » possible. Il ouvre vers des solutions possibles en expliquant certaines thérapies, comment elles fonctionnent.

D’après moi il a aussi la qualité de ne pas tomber dans les clichés, en précisant à de nombreuses reprises que chaque personne ayant ce trouble de la personnalité est différente : tant par son passé, par son entourage, que par ses manifestations du trouble.  Pas de mise dans une case possible. Les causes sont souvent multifactorielles.

Je trouve important qu’un tel livre existe car il évite aux ados d’aller chercher des informations sur internet, des informations qui peuvent être difficiles à vérifier. A la fin du livre d’ailleurs, une liste d’association avec l’adresse de leurs sites internet est donnée. 

Un livre qui est est aussi intéressant pour des adolescents que pour des adultes, car il permet aussi de mieux réagir avec des personnes ayant ce trouble!

Je remercie les éditions Le Muscadier qui m’ont fait parvenir ce livre en service de presse et Mr Gabriel Lucas qui m’a permis de connaitre ce livre, cette collection, et qui a bien voulu faire l’intermédiaire !

samedi 6 février 2021

La misère se porte bien (Francis Dannemark)

 La misère se porte bien

  •  La misère se porte bien (Francis Dannemark)
  • 334 pages au format 15 x 21 cm.
  • La couverture est née sous le crayon et le pinceau de Chris De Becker.
  • ISBN : 978-2-9602659-0-3

Mon résumé :

C’est un peu désespérée que Gabrielle arrive dans la vieille bâtisse dont elle a hérité. Sa vie s’est effondrée peu de temps auparavant, avec la perte de son mari, et sa faillite celui-ci. Elle qui pensait trouver une demeure en ruine prête à être vendue, découvre qu’elle en est, non pas la propriétaire, mais la nue-propriétaire. Trois lettres pour lui signifier qu’il n’est pas possible de la vendre, qu’elle a juste le droit de payer les travaux importants s’il en faut.

 L’usufruit de la maison revient à Simon. Célibataire et plutôt solitaire, ce dernier s’est construit une vie entre ses plantes tropicales, ses aquariums et les voisins du village.

Sur le point de partir pour passer la nuit dans un hôtel, Gabrielle fait un malaise… l’obligeant à passer une nuit dans la vieille bâtisse. La première, mais pas la dernière…

 

Mon avis :

Ruinée, abandonnée par son entourage, veuve, Gabrielle aurait pu être vindicative en découvrant qu’elle ne pouvait vendre la maison et obtenir l’argent dont elle a tant besoin pour vivre. Elle aurait pu décider de tenter à tout prix d’exproprier Simon … mais non. En même temps quand on connait les romans de Mr Dannemark, on sait que c’est impossible de trouver ce type d’héroïne.  

En commençant ce livre je me suis demandée si c’était le bon moment pour le lire : avec un stress important au travail, la menace d’un confinement … cela aurait pu me donner de nombreuses raisons de reporter ma lecture à plus tard pour pouvoir vraiment en profiter.

Mais finalement, grâce aux mots de l’auteur, à la simplicité de son écriture, à la bienveillance de ses personnages, c’est tout en douceur, presque par surprise que je me suis laissée glisser dans cette histoire.

J’ai suivi sur la pointe des pieds (des mots ?), avec plaisir et pudeur, l’amitié naissante de Simon et Gaby. Même si l’un n’a presque rien, à part l’usufruit de la vieille demeure, des plantes tropicales et des aquariums, et que l’autre a été habituée à l’opulence avant tout perdre, entre eux, l’amitié va naître spontanément.

Il émane de ces deux personnages une simplicité, une bienveillance contagieuse.

 Par contre, même si (ou parce que) j’ai adoré ce livre, je me sens bien en peine de rédiger une critique longue. Je retombe toujours sur les mêmes mots en songeant à l’histoire : simplicité, spontanéité, nature et naturel, accueil.  

J’ai aimé suivre la naissance de leur relation, leur découverte l’un de l’autre. J’ai aimé découvrir les autres personnages qui entourent Simon.

En fait, cette histoire donne envie de vivre d’aller vivre dans une demeure comme celle de Simon et Gaby, d’être entouré par les mêmes amis. Envie d’aller vivre avec eux, de relever les manches pour faire les travaux avec eux. Pour juste vivre avec des gens qui ne se prennent pas la tête.  

Cette histoire donne envie d’arrêter la course du monde pour seulement gouter aux plaisirs simples de l’amitié et de la nature. Les mots de Mr Dannemark ont une sorte de pouvoir magique apaisant sur le lecteur. Oui, en refermant le livre j’avais juste envie de cette douceur, de tendresse, et de retrouver les personnages une autre fois…

Merci Mr Dannemark pour ce moment hors du temps, dans un monde si doux et paisible !!  COUP DE COEUR

 Une mention spéciale pour les photos insérées dans le texte et aussi pour la magnifique couverture !!

Attention, ce livre n'est pas distribué en librairie ou en bibliothèque.

Pour le commander, rien de plus simple :

Aller sur le site : http://www.francisdannemark.be/biefnot-dannemark/livre/la-misere-se-porte-bien/

- envoyer un mail à l’auteur  francis.dannemark@gmail.com.

Bonne lecture !!!