vendredi 22 août 2014

Le cercle des femmes (Sophie Brocas)



Détails sur le produit

  •  Le cercle des femmes (Sophie Brocas)
  • Broché
  • Editeur : JULLIARD (21 août 2014)
  • Collection : ROMAN
  • ISBN-10: 2260022006
  • ISBN-13: 978-2260022008


Mon résumé :

Mamie Alice est morte, comme ça, sans crier gare, à 90 ans…. Mamie Alice c’est la mère de  Solange (appelée Sol par tout le monde), la grand-mère de Marie et l’arrière –grand-mère de Lia.
A 20 ans, Lia rejoint les Landes, la maison d’été de son enfance pour assister à son enterrement.
Avant de partir, elle aide sa mère à ranger, et trier les affaires de son arrière grand-mère.
Et sous une armoire, elle découvre un petit carnet noir…déterrant ainsi un secret de famille bien enfoui… Un secret qui éclaire d’un jour nouveau bien des comportements de cette lignée de femmes...

Mon avis :

Ce n’est pas d’une ronde qu’il est ici question. Mais plutôt de la reproduction  inconsciente des schémas familiaux.
J’ai bien aimé la façon dont Sophie Brocas nous raconte les répercussions de la découverte de ce secret .Elle n’hésite pas à bousculer le temps, à l’accélérer ou le ralentir selon l’accent qu’elle veut mettre sur un évènement. Cela lui permet de ne pas délayer l’histoire mais au contraire de rendre efficace le récit de Lia, de mettre en perspective les évènements et de mieux les comprendre. Les répercussions de la découverte sur la vie de chacune des femmes sont clairement énoncées et apparentes. On voit clairement évoluer la personnalité de Lia, on comprend mieux ses décisions, ses actes. Ce personnage est intéressant, car l’auteur n’en fait pas une héroïne  pleine de bons sentiments qui subiraient les conséquences des décisions de ses ancêtres .Au contraire, Lia est une jeune femme pleine de hargne, qui hésite entre subir et prendre son destin en main ,entre rester dans le cercle «  vicieux » des  femmes de sa famille et en sortir pour écrire sa propre histoire. Elle n’hésite pas à haïr, à être en colère ou à s’interroger…. 
Le style de Mme Brocas est clair, et efficace.
Mon seul bémol est qu’il manque un tout petit « truc » mais je ne sais pas lequel, pour que l’on ressente plus d’empathie pour Lia…  et que ce livre soit un coup de cœur…

Citations :

«  J’ai eu beaucoup de mal à la laisser aller au bout de sa noirceur, malgré ma peur du geste irréparable. Il m’a fallu accepter son rythme, sa façon de creuser toujours plus profond le sillon de la douleur, les mensonges dont elle se berçait pour survivre. »

«  Comprendrait-il la peur panique qui tout à l’heure m’a envahie en pensant que d’autres secrets, peut-être, n’attendaient qu’un signale tenu pour exhaler leur souffle fétide ? Comme si j’avais ouvert par mégarde une boite à drame. »

« Je commence à en avoir ma claque de ces adultes qui se révèlent tout à trac sous un jour nouveau. On croit les connaitre. On les prend pour des ancres auxquelles on peut s’accrocher par gros temps. On leur fait confiance. Ils sont prévisibles. Ils rassurent. Et puis voila que sans crier gare ils se mettent à dériver, emporter par d’invisibles courants sous-marins qu’ils cachaient au fond d’abysses noirs. Les voila qui ne résiste plus à leur fractures souterraines. »

«  Oui l’amour est fragile. Il a ses saisons, ses cycles. Oui il rayonne, s’étiole, s’éteint et puis renait à nouveau. A condition qu’on le traite avec respect, qu’on lui donne le temps de se transformer, qu’on lui fasse confiance. »

« A. s’est fabriqué une carapace avec cet entêtement qui lui ressemblait tant. Couche après couche, elle a recouvert son âme, son cœur, son corps pour les protéger de ses émotions. »

« Elle vieillit sans drame, à bas bruit, comme pour me donner le temps de m’y habituer. »

«  A-t-elle pensé aux efforts que j’ai fait avec chacun de ses amoureux pour trouver ma place, ne pas peser, ne pas la perdre ? […] Ne pas trop s’attacher, ne pas détester trop fort. Lorsqu’ils partaient, il fallait la consoler, résister à la vague de tristesse qui pouvait la submerger, ne pas se laisser emporter soi-même. »

«  Cette peur panique qui l’envahissait chaque fois que je tentais de me dégager, cette couverture d’amour dans laquelle elle cherchait à m’emmailloter dès que je voulais éprouver par moi-même et qui me donnait le sentiment d’étouffer. »

«  Peut être que pour moi s’engager c’est de se mettre en danger. Aimer c’est prendre le risque de souffrir si on est abandonné. »

«  Chacun doit apprendre à vivre avec ses cicatrices. Si on le refuse, si on ne veut pas guérir une plaie béante, alors c’est la flamme de vie dont nous sommes porteurs que nous éteignons volontairement. »

3 commentaires: