vendredi 26 décembre 2014

Monsieur est mort (Karine Silla)



 Détails sur le produit

  •  Monsieur est mort (Karine Silla)
  • Broché: 201 pages
  • Editeur : PLON (21 août 2014)
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2259227465
  • ISBN-13: 978-2259227469




Voici un livre qui fait parti de la catégorie «  livre dont il est difficile de parler».
Le nombre de marque page qui le ponctue témoigne pourtant du nombre de passages qui m’ont marquée, touchée, qui ont résonné ou fait écho à quelques choses en moi.
C’est peut être justement parce qu’il m’a tellement touché, que je ne sais par où commencer pour en faire un article lisible et pour donner envie de le lire.

L’histoire de départ est simple.
Vincent a été élevé dans les beaux quartiers, avec son frère Gabriel, de 18 mois son aîné, presque un jumeau…..
La mort dramatique de celui-ci l’a forcé à fuir, pour survivre presque. Du jour au lendemain il est parti en Indonésie… coupant quasiment tout lien avec sa famille….
Mais un jour, sa mère l’appelle. Et en entendant ses trois mots «  Monsieur est mort », Vincent ressent qu’il doit y aller. Pour aider sa mère ? Pour se réinstaller en France ? Pour mettre un point final à cette histoire ? Pour faire la paix ?

C’est le récit d’un retour que cette histoire. Un retour à la fois douloureux mais nécessaire. Un retour sur les traces de son enfance parisienne. Un retour qui permet à Vincent de faire le point, de mettre enfin des mots sur cette enfance d’apparence. Un moyen de casser les apparences pour faire éclater au grand jour la vérité sur ce qu’il se passait derrière la belle façade de l’immeuble parisien.
Et on découvre, petit à petit cette famille où les non-dits sont rois, où le silence est roi. On découvre la relation de quasi symbiose entre Vincent et son frère, et à l’opposé les relations sans chaleurs entre le jeune garçon et son père et sa mère, entre ces deux parents.

Karine Silla nous parle ici de la place de langue dans la famille, du langage verbal et du non verbal. Elle nous interroge sur les relations entre les parents et les enfants. Mais elle nous parle aussi du pardon : existe-il des choses impardonnables ? Est-ce que l’on peut pardonner certaines choses ou bien doit-on seulement apprendre à vivre avec ?
Voici un livre de seulement 200 pages mais qui était un coup de cœur des libraires là où je l’ai acheté et que je classe également dans cette catégorie.
J’espère que vous excuserez la maladresse de mes propos, et que vous tenterez cette lecture  forte, cette lecture coup de poing !


 
Citations :
«  Les morts laissaient derrière eux ces empreintes à l’intentions des vivants, comme pour les guider dans un jeu de pistes qu’ils auraient préparé toute leur vie afin qu’on ne les oublie pas. »



« J’avais refusé de mourir […] C’est ce qui arrive quand on ne veut pas mourir de chagrin, on chercher à respirer différemment, moins profondément, en veillant à laisser les sentiments flotter à la surface. »



«  C’était un homme complexe, méchant mais sentimental, et souvent les gens se trompaient en le pensant sensible. Il pouvait être envoûtant mais c’était un escroc des émotions. »



«  J’étais né avec un insatiable besoin de tendresse, comme si j’avais porté en moi le manque d’affection de tous mes ancêtres réunis. »



«  C’est ainsi que je considérais l’amour maternelle, comme un hurlement sourd, inconsolable, qui résonnait au plus profond de ma solitude. »



«  On nous demande toujours en avion d’attacher nos ceintures, mais c’est notre esprit que nous devrions ficeler, pour éviter qu’ils ne se renverse de manière incontrôlable. »



«  Vivre dans un espace trop grand empêche d’aimer. »



«  Les gens qui s’aiment doivent pouvoir se serrer pour se regarder, se rapprocher, s’entendre ou surprendre des larmes couler silencieusement sur le visage de l’autre. »



«  Dans la même solitude trempée dans l’or massif qui rend le malheur sournois, interdit, presque obscène. »



«  Son mélange de beauté extrême et de mystère la rendait semblable aux tableaux que mon père aimait tant. Du moment qu’il la possédait, il ne se souciait guère de ce qu’elle pouvait ressentir pour lui. »



«  Car quoi de plus nécessaire que la soumission à l’autre pour aimer ? On attend jamais une personne que parce qu’on s’inquiète pour elle, qu’on désire la voir. Par ce qu’on l’aime. »



«  Parler pour mes parents était un acte diabolique, un exorcisme que de lancer de l’eau bénite sur un possédé. »



«  En réalité, je n’étais absolument pas douillet, la seule chose qui me faisait souffrir était de savoir qu’elle ne me consolerait jamais. »



«  J’étais sûr qu’une dose de dialogue trop forte administrée à quelqu’un de mon genre, habitué à vivre auprès de gens mutiques, pouvait être fatale, et je n’avais pas envie de mourir. »



«  C’était peut-être ça l’erreur des gens malheureux, ils ne prennent pas le bonheur là où il est. »



«  L’attachement aux objets du passé, ils soutiennent nos souvenirs en nous offrant la certitude que nous ne les avons pas rêvés et le preuve de qui nous étions. »

«  Les souvenirs douloureux sont un peu comme les affaires que l’on range dans les grenier, on peut monter les voir mais on les descend rarement chez soi. »



« Je préfère donc me taire plutôt que de continuer à parler en censurant mon cœur. »



«  Etait-il plus douloureux d’être muet ou de savoir parler sans jamais rien pouvoir dire ? »

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