- Un jour par la forêt (Marie Sizun)
- Broché: 214 pages
- Editeur : Arléa Editions (29 août 2013)
- Collection : 1er mille
- Langue : Français
- ISBN-10: 2363080297
- ISBN-13: 978-2363080295
Encore un coup de cœur !!!!!!!!!!!!!!!!
Ouvrir un livre de Marie Sizun, c’est savoir que
l’on va passer un bon moment. L’écriture est simple, belle, profonde et
porteuse.
Simple mais pas simpliste. Car ici, ce n’est pas
une simple histoire de fugue que nous raconte cet auteur.
Non, si Sabine, à 11ans, décide de ne pas aller
au Lycée ce jour-là ce n’est pas seulement parce qu’elle a peur de se faire
gronder devant sa mère par sa prof lors du rendez vous prévu à 17h. Non, c’est
plus profond que ça.
Elle a peur que sa mère, « simple agent
technique » se ridiculise dans ce beau lycée parisien. Car elle sent bien,
la petite fille qu’elle n’est pas comme les autres. Elle n’a pas les mêmes
centres d’intérêt que ses pairs. Elle, elle voit des couleurs que d’autres ne
voient.
Elle sent bien aussi le fossé entre ce que son
enseignante de français appelle « sa culture » et celle des
autres ; pourtant, la culture elle ne sait pas ce que c’est. Sans arriver
à mettre des mots dessus, elle sent qu’elle est différente, qu’elle n’est pas à sa place.
Sabine est partagée : entre sa réalité à
elle et celle des autres, elle prend conscience des inégalités du monde :
inégalités de moyens financiers ou intellectuels, et des injustices qui en
découlent…
Une histoire triste ? Non car, à travers les
rencontres que fait Sabine ce jour-là, on voit éclore une fleur, une jeune
fille en devenir pleine de douceur, curieuse de la vie.
J’ai aimé tout ça dans ce livre et tant d’autres
choses sur lesquelles je n’arrive pas à mettre des mots.
Ah si !!! Si j’ai aimé ce livre c’est aussi parce
qu’il a eu sur moi l’effet d’une gifle. Les questionnements de Sabine sur les
professeurs m’ont remis en tête quelques réalités que je crains avoir oublié
ces derniers temps avec les tensions consécutives à la mise en place de la
semaine de 4,5 jours dans mon école.
Avec son regard d’enfant presque adolescente,
Sabine rappelle que les enseignants, ont un rôle plus qu’important dans la vie
des enfants qui leurs sont confiés. Elle exprime le poids que les mots peuvent
avoir pour les enfants, le poids que le regard qu’on porte sur eux a. Elle
soulève un point que l’éducation
nationale oublie trop souvent : les enfants ont une histoire avant
d’entrer dans une classe, ce sont des êtres humains, avec des sentiments, des
sensibilités, des rêves, des questions sur le monde ; ils ont chacun leur
rythme (autant utiliser le mot puisqu’il est à la mode) ; ils sont tous
différents donc il n’existe pas une recette qui marche pour tous. Et oui ils ne
sont pas seulement des chiffres et des « choses » qui finiront bien
à se plier à ce qu’on leur demande. L’enfant doit être le centre de l’école,
c’est pour lui qu’on enseigne. C’est lui qui doit apprendre, et pour cela il
doit pouvoir s’épanouir et ne pas seulement être ballotté au gré des desiderata
de certains, ou de l’argent disponible ou non. Ce n’est pas du bétail, et
encore moins du bétail de compétition.
« Les
moyens, Sabine connaissait, elle en entendait souvent parler. Mais si la mère
avait assez vite compris que les moyens
que sa fille n’avait pas, ou avait insuffisamment étaient d’ordre intellectuel,
elle n’avait pas cru bon de livrer son explication à la petite. »
«
Mais il y avait plus, une différence plus subtile que la petite avait très vite
saisie, un style dans la façon d’être, de parler et même de se mouvoir, que les
autres avaient, on ne sait comment et qui lui manquait. »
« La
mère de Sabine n’est pas vraiment une femme comme il faut. Sa mère c’est une
femme comme il ne faudrait pas »
« (La
pension alimentaire). Un salaire en somme que reçoit Sabine pour être née de
gens qui ne s’aiment plus. »
« Ce
n’est pas tant DE sa mère qu’elle a honte, mais POUR elle, pour sa mère. Honte
que sa mère ait honte devant elle. Honte qu’elle soit humiliée. […] Il faut que
tout change, que cette injustice cesse ».
« Pour
Elle s’en aller c’est sérieux, ça signifie quelque chose. Ce n’est pas un jeu.
C’est montrer qu’on n’est pas d’accord. »
« Qu’est
ce qu’ils connaissent à la question les profs ? Est-ce que ce qu’ils
peuvent comprendre, de leur place, ce qui est juste ou injuste pour les
élèves ? Est-ce qu’ils savent que tous n’ont pas la même vie ? Est ce
qu’ils devinent combien certains sont seuls ? Et s’ils le font, ils
s’imaginent qu’on se débrouille comment ? Oui, comment ?
Et
puis croient-ils que les appréciations des bulletins scolaires suffisent à
définir un enfant, ou même à mesurer ses moyens ? »
« Et
si le bonheur c’était de le savoir ? De savoir qu’on peut voir
autrement ? Son bonheur à elle en tout cas. »
« Est-ce
qu’ils pensent toujours à ce qu’ils disent les profs ? Est-ce qu’ils sont
conscients que nous sommes là, à les entendre, chacune avec son histoire
particulière et que les mots peuvent faire mal ? »
« Et si c’était ça, la poésie ? Ce trouble pour un mot. Ce bonheur à le retrouver. A le savourer.»
« Et si c’était ça, la poésie ? Ce trouble pour un mot. Ce bonheur à le retrouver. A le savourer.»
« Ça
doit bien exister des poèmes comme ça, qui disent ce qui la rend doucement
triste à l’intérieur et en même temps heureuse ? Des poèmes avec des mots
comme des images ? Ce sont les mots qui font les images. Les Simples mots.
Les mots tout nus. Plus ils sont seuls, plus les mots sont magiques. »
« Qu’est
ce qui est arrivé pour qu’à présent aucun livre ne l’intéresse plus ?
« Lisez, leur dit sans cesse la prof, lisez ! Il faut vous
cultiver. ! » Encore cette affaire de culture ! Comme s’il
s’agissait d’un médicament à prendre ou d’un engrais à s’administrer. Comme sil
es élèves étaient des légumes. Lire ? Mais quoi ? Il faudrait d’abord
que ça fasse plaisir. »
« La
culture ce n’est pas seulement l’instruction, les choses qu’il faut savoir…
C’est beaucoup plus et beaucoup moins à la fois, c’est attraper tout ce qui
permet de devenir soi même.»
très bel éloge à ce livre !!
RépondreSupprimerJe dois rencontrer prochainement Marie Sizun à un salon du livre et j'ai bien l'intention d'acheter le livre ! J'ai lu tous les précédents..
RépondreSupprimerquelle chance vous avez!!!!!!!!ce doit être une femme "magnifique" au vu de sa façon d'écrire.j'aimerai être la,vous allez surement avoir une dédicace.pour ma part je jnai pas lu tous ses livres mais je prévois une flambée de carte bleue spéciale sizun pour plus que très bientôt
SupprimerMerci pour cette belle analyse ! J'ai moi même beaucoup aimé ce livre faussement simple, plein de subtilité et de délicatesse, comme son auteur.
SupprimerMarie Sizun, en plus de son grand talent, est une femme remarquable, chaleureuse et simple. Je vous souhaite de la rencontrer, c'est un grand privilège et un bonheur qui laisse des traces . Belle journée à vous !
J'avais aimé, mais sans plus.
RépondreSupprimerJe l'ai trouvé un peu léger, un peu conte de fées.
RépondreSupprimerc'est ce que j'ai aimé :sous cet aspect un peu conte Mme Sizun dot des choses vraie et rappelle un certain nombre de vérités...
SupprimerCelui-ci me donne bien envie !
RépondreSupprimerje veux le lire, j'irai le commander dés demain. MERCI
RépondreSupprimerj espère que vous ne serez pas déçue et que passerez sur mon blog pour me faire part de votre avis!!!
Supprimerbonne soirée
Et bien, chanceuse ! Que de coups de coeur !
RépondreSupprimerCelui ci me tente bien. J'aime cette maison d'édition et je ne connais pas encore cette auteure, même si cela fait plusieurs années que je me promets de la lire !