- L’hiver au cœur ( Dalila Bellil)
- Broché: 123 pages
- Editeur : Erick Bonnier (5 septembre 2013)
- Collection : Encre d'Orient
- Langue : Français
- ISBN-10: 2367600104
- ISBN-13: 978-2367600109
Deux femmes.
Une femme et sa mère.
Une jeune femme, sa mère décédée et la maladie.
Une maladie qui change une femme, lui fait perdre
la mémoire, les repères. Une femme qui se perd elle-même pendant dix ans.
Une maladie qui vole l’adolescence de la jeune
femme. Pas de mère à qui se mesurer ou s’opposer. Pas de mère pour guider sur
le chemin de la féminité. L’obligation d’accepter la déchéance de celle qu’on
devrait admirer. La disparition des relations sociales. L’épée de Damoclès sur
le futur……
Mais…
Et si la maladie n’avait pas été là…. l’adolescence
aurait-elle été une adolescence comme les autres ? Aurait-il été facile de
se construire avec une mère dure, capable de tirer un trait sur ses autres
enfants ? Avec un mère manipulatrice, exigeante ? La vie d’avant la
maladie était-elle aussi idyllique ?
Mon avis :
J’ai écrit 5 résumés différents. J’ai jeté 5
résumés. J’en ai construit d’autres dans ma tête ; je les ai effacés.
Je ne suis pas satisfaite de celui-ci….
Impossible de résumer un tel livre coup de poing
pour moi.
L’auteur évoque la maladie d’Alzheimer mais sans
pathos. Elle évoque la déchéance d’une mère mais pas que ça....
Elle évoque la difficulté de devenir femme avec une mère particulière. Pas de bons sentiments, pas de « les meilleurs partent toujours les premiers ». Pas non plus de « c’est mieux qu’elle soit partie car elle était impossible à vivre même avant la maladie »…. pas de règlement de compte gratuit. Non juste l’introspection d’une jeune femme face au corps de sa mère. Ses questions, ses reproches et ses tentatives pour comprendre. Et une magnifique déclaration d’amour.
Elle évoque la difficulté de devenir femme avec une mère particulière. Pas de bons sentiments, pas de « les meilleurs partent toujours les premiers ». Pas non plus de « c’est mieux qu’elle soit partie car elle était impossible à vivre même avant la maladie »…. pas de règlement de compte gratuit. Non juste l’introspection d’une jeune femme face au corps de sa mère. Ses questions, ses reproches et ses tentatives pour comprendre. Et une magnifique déclaration d’amour.
Je laisse les mots de l’auteur en espérant qu’ils
résonneront en vous…..
« En perdant la tête tu t’es
épargnée de nombreuses désillusions à mon sujet. Plus que tes rêves avortés j’aurais
été ton grand échec. »
« Je t’ai détestée pour m’avoir
volées ces années […] mais il me suffisait de croiser ton regard déboussolé
pour regretter ces pensées. Il fallait que je renonce à connaître ce que la
maladie ne permettait plus ».
« Réussirai-je à vivre sans
toi, maman ? Sans toi ni cette Autre que j’avais fini par aimer comme ma
mère ? Il restera un grand vide. De quoi le remplirai-je ? De moi ?
Qui peut me dire qui est ce moi que je ne connais pas ? »
« Il n’a pas été facile de
devenir une femme sans toi. Devenir la femme de sa vie n’est jamais simple mais
c’est encore plus compliqué quand il manque la première, celle qui nous a donné
la vie. La jeune femme que je croise chaque matin dans mon miroir possède un
visage familier, mais je ne la connais pas. »
« Et toi qui semblait un corps
sans âme, étais-tu encore parmi les vivants ou n’étais-tu qu’une vie en suspens ? »
« Mamie ne supportait de te
voir te détériorer alors qu’elle était en pleine possession de ses facultés. Comment
pouvais-tu être malade et elle non ? Que t’avait-elle légué de pourri, de
mauvais pour te rendre aussi fragile ? »
« il est des assassinats
silencieux et lents ; des infanticides méthodiques et froids qui ne
requièrent pour seule arme que la négligence d’une mère, son différence. Il
suffit de jouir du tremblement de son enfant quand elle s’amuse à hausser la
voix jusqu’à la faire tonner, de ses airs perdus quand elle se détourne de lui,
d’ignorer ses yeux qui l’implorent […] il lui suffit de ne pas trouver de temps
pour lui, de ne pas s’occuper à le rendre heureux. »
« Mon existence facile et
insouciante ne m’avait guère préparée à un tel tremblement de mère »
« Si elle avait de toi sa
proie, nous étions ses victimes collatérales »
« Je choisis donc d’entrer en
paix avec ton souvenir ? Où me conduirait le ressentiment si ce n’est à
emprisonner l’hiver en mon cœur ? »
Merci au comité des petits éditeurs de ma médiathèque pour cette magnifique lecture!
Une maladie sans doute plus difficile pour les proches.
RépondreSupprimer