« La
lumière ? Éteinte. Le four ? Éteint. La porte ? Fermée et même
fermée à double tour.
Bon c’est
parti alors. Une nouvelle journée commence. »
Comme tous les matins elle refaisait mentalement les gestes machinales qu’elle avait accomplis avant de partir.
Comme tous
les matins elle avait tout éteint, plongeant son appartement dans le noir.
Comme tous
les matins elle avait fermé à clé la porte de l’appartement.
Comme tous
les matins, elle avait descendu les escaliers, fermé la porte d’entrée de
l’immeuble.
Comme tous
les matins elle avait franchi les quelques mètres qui la séparait de la bouche
de métro.
Comme tous les matins elle s’était engouffrée dans les couloirs obscurs, et bondés du métro.
Comme tous les matins elle s’était engouffrée dans les couloirs obscurs, et bondés du métro.
Comme tous
les matins elle était montée, ou plutôt s’était affalée sur le siège de la rame.
Comme tous
les matins.
Elle avait beau râler, dire que ça puait, qu’il y avait trop de monde, trop de bruit, trop de grèves… trop de ci et pas assez de ça, elle n’aurait pour rien au monde, choisi un autre moyen de transport.
Elle avait beau râler, dire que ça puait, qu’il y avait trop de monde, trop de bruit, trop de grèves… trop de ci et pas assez de ça, elle n’aurait pour rien au monde, choisi un autre moyen de transport.
Elle avait
besoin de ce moment hors de temps, de ce
sas entre son chez elle et son boulot.
Cet espace
temps lui était nécessaire, presque aussi vitale que de l’oxygène. Elle avait besoin de ce moment hors du temps,
pour se mettre en condition. La musique, dans ses oreilles, lavait son cerveau
des cauchemars de la nuit. Même si certains résistaient, même si elle savait
qu’ils resteraient en filigrane dans
son cerveau, qu’ils rejailliraient à chaque temps mort de la journée, le voyage
en métro les mettait à distance.
Elle
utilisait ces minutes souterraines, pour tenter de les mettre à distance.
20 minutes
pour observer les autres être humains, pour se demander qui ils étaient, où ils
allaient.
20 minutes
pour devenir ce qu’elle allait montrer aux autres. Contrairement à la majorité
des filles qu’elle croisait, son maquillage ne venait pas d’une palette de
couleurs.
Pour elle,
se maquiller, c’était mettre quelques étoiles dans ses yeux, accrocher un
sourire sur son visage. C’était se répéter
comme un mantra « je vais faire semblant de… ils ne doivent pas
s’apercevoir, ils ne doivent pas savoir qui je suis. »
Surtout ne
pas montrer ses failles. De toute façon, elle n’avait pas le droit. Elle
n’avait pas le droit de se plaindre, de dire ses doutes et ses peurs. Montrer
qui elle était, au fond d’elle-même, c’était se mettre en danger, leur laisser
l’opportunité d’avoir de l’emprise sur elle. S’ils savaient… ils lui diraient
qu’elle n’avait pas le droit de se plaindre, qu’elle avait tout pour être
heureuse. S’ils savaient….
Mais ils
ne pourraient jamais savoir. Elle ne craquerait pas. Elle allait se contenir,
faire semblant, une journée de plus. Elle devait tenir, encore une journée.
Et
demain ? Demain aussi, elle ferait semblant. Après demain ? Elle
jouerait la même comédie, le même rôle.
Et ainsi
de suite jours après jour, mois après mois….
Parfois, une petite voix murmurait en elle « jusqu’à quand vas-tu tenir ? »
Parfois, une petite voix murmurait en elle « jusqu’à quand vas-tu tenir ? »
Elle ne
savait pas alors elle la faisait taire. Elle ne devait pas se poser cette
question. Juste vivre au jour le jour, moment après moment, s’immerger dans le
quotidien. Comme dans un film, entre le moment où elle se levait et celui où
son cerveau plongeait dans le sommeil, elle enchaînait les plans séquences…
Se lever,
petit déjeuner, aller travailler, revenir du travail, travailler, manger,
dormir. Surtout ne pas se poser de question, surtout ne pas penser…. Pour ne pas tomber, pour ne pas craquer, pour
ne pas voir le vide, la faille en elle….
Le fameux sas de décompression ;) Bon lundi !
RépondreSupprimerQuel est ce vide ? Tu nous laisses sur notre faim.
RépondreSupprimerIl y a une tres forte anxiété chez elle,visible dans tous les rituels de verifications,c'est tres bien décrit...On imagine un viol caché peut-être,mais voilà on ne saura jamais.....Tu exagères quand même!!!
RépondreSupprimerMerci pour tous ces commentaires, ça me touche que vous ayez pris le temps de lire mes piètres lignes!
RépondreSupprimerBonne semaine à vous !!!!!!!!!