Le marché,
c‘était le jeudi matin. Je me souviens. On partait à 8h30 avec le panier, le
filet. Il fallait y aller tôt, quand il n’y avait pas encore trop de monde ;
quand il n’y avait pas encore la queue chez les marchands et que les fruits et
les légumes n’avaient pas encore été tâtés par tout le monde. A cette heure,
ils étaient encore beaux, frais et pas talés.
Pas besoin
de déambuler devant les étals. On allait toujours chez les mêmes commerçants. Elle
les connaissait. Elle demandait des nouvelles des enfants, des petits enfants. En
retour, les maraîchers faisaient de même. Certains me connaissaient depuis ma
naissance, ils m’avaient vu grandir, devenir ado, adulte. Ils me demandaient
des nouvelles de mes parents, de mes frères et sœurs. Ils me tendaient parfois
un fruit, un morceau de fromage à grignoter. J’étais la parisienne, la
citadine.
Ce que je
préférais c’était quand elle rencontrait une « clanque » et qu’ensemble
elles se mettaient à refaire le monde. Debout, au milieu du passage, tout y
passait, la météo, le prix des denrées, les enfants et petits enfants, les
parents, les voisins et voisines, la politique… C’était tout un monde qui
naissait dans leurs mots. C’étaient leur monde, leur univers, leur quotidien.
Il devenait, l’espace de cette rencontre, mon monde. Ce monde que l’on me prêtait
en quelque sorte et que j’emporterai dans ma valise en remontant chez moi.
J’étais
loin de chez moi, mais je me sentais bien. Je me sentais chez moi, mon chez moi
de l’été. Je me sentais en famille.
J’y suis
retournée, la dernière fois… mais tout était différent. Les étals de fruits, de légumes, de fromages locaux et de
viandes, les bruits, les odeurs, les couleurs,… tout était pareil mais si
différent en même temps.
J’ai mis quelques minutes à comprendre ce qui me manquait, à ce qui me faisait sentir si étrangère. C’était son absence. La clé du malaise que j’ai éprouvé, c’était l’absence de sa main dans la mienne, de sa voix me contant les changements depuis ma dernière venue.
J’ai mis quelques minutes à comprendre ce qui me manquait, à ce qui me faisait sentir si étrangère. C’était son absence. La clé du malaise que j’ai éprouvé, c’était l’absence de sa main dans la mienne, de sa voix me contant les changements depuis ma dernière venue.
Un vide.
Un manque. Comme une page tournée à jamais, sans possibilité de revenir en
arrière.
Rien ne
sera plus jamais comme avant...
bel hommage, bien écrit, à "la Châtelaine"
RépondreSupprimermerci!
SupprimerTrès beau texte sur ces "chez moi de l'été" qui sont différents pour chacun. J'ai reconnu ma grand-mère dans cette main "envolée", merci !
RépondreSupprimerune main qui s'est envolée pour moi... mais que je tiens encore par dessus les nuages!
SupprimerLe mélange des tons est très réussi!
RépondreSupprimermerci!
SupprimerJoli texte ;)
RépondreSupprimerUn bel hommage. Oui, certaines choses ne reviendront plus. :(
RépondreSupprimerelle ne reviendra plus mais elle est toujours dans mon coeur ...son empreinte sur ma vie est ineffaçable
SupprimerTrès joli texte, les mots sont bien choisis, le pouvoir d'évocation est immédiat : tu m'as raconté mon grand-père, celui qui m'achetait du miel "en carré".
RépondreSupprimerMerci à toi
merci de m'avoir lu !!! Du miel en carré??? vous m'intriguez!
SupprimerJe viens de découvrir ton blog ... qui est absolument formidable. Je suis ravie et je vais très souvent venir te rendre visite ;) J'ai déjà trouvé des livres pour mon p'tit loulou ;)
RépondreSupprimermerci de votre visite!!! Quels sont les livres qui vous ont tenté? quel âge à votre p'tit loulou?
SupprimerTrès joli texte très touchant.
RépondreSupprimermerci de votre passage!!!
SupprimerUn texte plein d'émotion et de sensibilité. Bel hommage.
RépondreSupprimermerci !
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