- Hizya (Maïssa Bey)
- Broché: 256 pages
- Editeur : EDITIONS DE L'AUBE (3 septembre 2015)
- Collection : Regards croisés
- Langue : Français
- ISBN-10: 281591302X
- ISBN-13: 978-2815913027
Mon
résumé :
Hizya a 23
ans et des projets plein la tête. Comme l’héroïne dont elle porte le prénom,
elle ne veut pas se plier aux règles. Comme elle, elle rêve d’un amour
passionné, unique avec un homme qu’elle aurait choisi et qui l’aurait choisi.
Mais Hizya
a 23 ans aujourd’hui et elle vit à Alger. Ses études de traductrice l’ont
conduite à travailler... dans un salon de beauté. Hizya a deux frères aînés,
une jeune sœur, une mère très secrète et exigeante, un père qui vit dans la nostalgie
du passée.
Comment
dès lors réaliser ses rêves ? Comment concilier envie de liberté et
réalité du quotidien ?
Mon
avis :
Dans les
services de presse, on choisit parfois les livres un peu « par
hasard »… il arrive parfois de d’être déçu… et parfois de tomber sur des
pépites. Hizya fait parti de la seconde
catégorie.
Je n’ai
jamais lu de livre de Maïssa Bey avant mais je compte vite remédier à ce
manque. Une pépite…
L’auteur
livre ici un magnifique portrait de femme. Une jeune femme confrontée à une
réalité très éloignée de ses rêves de grandeur et de romance. Une jeune femme
pleine d’interrogation quant à la place de la femme dans la société algérienne,
quant à la place et à l’avenir de la jeunesse dans cette même société. De quel
futur peut-elle rêver ?
Maïssa Bey
a une écriture envoûtante. Elle sait trouver les mots justes pour décrire les
paysages, mais aussi les sentiments de son héroïne. Une héroïne
attachante dont on a envie de devenir l’amie, tant ses questionnements
promettent des soirées de débats passionnés !
J’ai bien
aimé cette « petite voix » qui prend la plume pour houspiller Hizya,
la pousser dans ses retranchements. Elle lui met sous le nez ses
contradictions, les mensonges qu’elle se fait à elle-même, les vérités qu’elle
travestit, amoindrit ou contourne, les chemins de traverse qu’elle emprunte.
Les autres
femmes qui gravitent autour de Hizya sont tout aussi attachantes, intéressantes
qu’il s’agisse de ses amies du salon, des clientes, de sa sœur ou de sa mère et
sa grand-mère …
Un grand
merci à Laura Imbert des éditions de l’aube pour cette découverte !
Citations :
« Respect
pudeur soumission silence obéissance dévouement discrétion abnégation etc. Des
mots béquilles dont elle a fait un chapelet qu’elle égrène aujourd’hui sans relâche
et presque mécaniquement à notre intention. Les mots qui ont éteint toute
lumière en elle. »
« En
somme, rien, rien de tous ces moments dont on ne sait s’ils sont tissés de
bonheur ou de souffrance, mais qui seuls peuvent donner accès à toutes les
fibres de l’être, même les plus secrètes. »
«
Ces femmes à qui, très jeunes, on apprend à se résigner et non à vivre. »
«
Famille : ensemble d’individus dont chacun ne donne à voir que la partie
éclairée de lui-même. Quand il n’est pas totalement enfermé dans sa bulle. »
«
Mais depuis que j’ai découvert et appris le long poème dédié à cet amour, je n’entends
plus les mots de la même façon. Ils ne rendent plus le même son. Ils n’ont plus
la même saveur. »
« Le
bonheur chez nous n’existe pas. Quand tu recherches l’expression «
Bonheur en Algérie », l’ordinateur te répond systématiquement «
Error 404. Not found ! Essaie donc ! » »
« C’est
peut être le seul moyen que tu as trouvé pour ne pas trop t’attarder sur
toi-même, pour ne pas plonger dans des eaux assez troubles dont tu ne sais pas
au juste ce qu’elles peuvent recéler dans leurs profondeurs. »
« Comme
ils sont nombreux ceux – et parmi eux mes deux frères – qui aujourd’hui ne parlent
plus de « leur » pays mais de « ce » pays ! Parce qu’ils
sont la conviction que ce pays, leur pays les rejette. Parce qu’ils se sentent
ignorés, exclus et savent qu’ils seront acceptés et ne s’y feront un place que
s’ils développent le même sens de la prédation que leurs aînés. »
« L’essentiel
est ce qu’elles ont dans la tête et non sur la tête. »
«
Quand commencent les désillusions ? A quel moment se dessillent les yeux ?
Quels gestes, quelles paroles ouvrent une brèche par où s’engouffrent parfois
lentement, parfois violemment, le désamour ? Y a-t-il une limité au-delà
de laquelle les serments ne sont plus valables ? »
« Il
faut que j’éteigne ce qu’il y a en moi de plus vivant, de plus remuant. Faire
taire les battements rageurs des mots. Je veux parler des mots trompeurs qui se
sont emparés de moi. Des mots ! Rien d’autre. Des mots qui s’accrochent, s’incrustent,
se croient au dessus de tout. Mots arrogants, mots mensongers, qui reviennent à
la charge même quand on veut les bannir.
Des mots auxquels je ne crois plus, auxquels je peux le dire maintenant, je n’ai jamais vraiment cru. »
Des mots auxquels je ne crois plus, auxquels je peux le dire maintenant, je n’ai jamais vraiment cru. »
Une bonne pioche, alors. J'aime beaucoup les citations.
RépondreSupprimerplus que bonne pioche:moi aussi j'aime bien ces citations... Pour les citations j'ai toujours peur d'en mettre trop .... je les trouve plus révélatrices de la qualité du livre que mon résumé!
Supprimerj’espère vite le voir en librairie un grand merci .
RépondreSupprimersi vous le lisez... tenez moi au courant !!!
Supprimer