- Les hamacs de carton (Colin Niel)
- Poche: 378 pages
- Editeur : Actes Sud (1 juin 2013)
- Collection : Babel noir
- Langue : Français
- ISBN-10: 233001970X
- ISBN-13: 978-2330019709
Mon résumé :
Sur les bords du fleuve Maroni, une femme et ses deux enfants sont
retrouvés morts dans leurs hamacs. Ils ont été tués pendant leur sommeil. Pourtant,
Théalia Apanga n’était pas du genre à s’attirer des ennuis. Elle vivait même
plutôt à l’écart du village, tant les habitants étaient convaincus qu’elle
était une sorcière. Son mari, travaillant comme orpailleur, ne pouvait pas
rentrer chaque soir. Elle exploitait donc seule son abattis, allait vendre
elle-même sa production sur les marchés.
Le commandant Anato est chargé de l’enquête, aidé en cela par le
lieutenant Vacaresse. Un lieutenant vexé
de se voir cantonner à rester au bord du fleuve, dans le village du meurtre. «
Un exil » qui l’empêche de rentrer tous les soirs chez lui. Un exil qui va
l’obliger à assister aux différents rites funéraires mis en place dans le
village. Les premières découvertes vont amener le commandant Anato à explorer
des pistes auxquelles il n’aurait pas pensé. C’est toute sa vision de la Guyane
qui va être remise en perspective.
Mon avis :
Me voilà de nouveau incapable d’expliquer pourquoi j’ai aimé et
même adoré ce polar. Je vais quand même essayer.
J’ai tout d’abord adoré le contexte de cette enquête. Ils sont en
effet (TROP) rares les romans policiers qui se déroulent en Guyane. Un pays sur lequel, en plus, mes connaissances
sont plus que restreintes… Et je ressors
de ce livre en ayant l’impression d’avoir appris beaucoup au niveau culturel.
Grâce aux descriptions, à leur justesse et à leurs précisions, j’ai
vraiment eu l’impression de voguer sur les pirogues, d’arpenter le village de
Westisoula, de subir les pluies…. Mr Niel arrive à nous faire sentir les
odeurs, voir les couleurs… le tout sans que ce soit barbant ou trop long. La
juste dose et les mots justes à chaque fois.
C’est également avec une grande précision et une grande neutralité
que l’auteur nous livre des éléments de l’histoire de la Guyane et qu’il nous
décrit également les rites funéraires. A
aucun moment il ne sombre dans l’étalage de connaissances. Bien au contraire, les éléments qu’il fournit
ne sont jamais superflus, mais bien au contraire tous aussi essentiels les uns
que les autres pour comprendre à la fois le contexte de l’histoire ainsi que la
psychologie des personnages.
Les personnages… un autre grand point fort de ce livre ! Que
ce soient Anato, Vacaresse, Théalia, son mari, ou les autres (je ne les cite
pas pour vous laisser la surprise), personnages principaux ou personnages secondaires,
tous sont consistants, travaillés. A la fin du livre on a quasiment l’impression
que l’on pourrait les rencontrer demain, en sortant. Ils ne sont ni « tout
noir ni tout blanc. Ils ont leurs forces et leurs faiblesses. De vrais humains !!
Et surtout, on les voit évoluer dans l’histoire mais aussi par
l’histoire. Ils « grandissent » presque sous nos yeux. J’ai apprécié
la façon dont Vacaresse d’abord réticent, devient curieux des rites auxquels il
assiste. J’ai aimé entendre l’histoire d’Anato, son passé avec lequel il
apprend à vivre pendant cette enquête. Je me suis attachée à chacun d’eux. Je
peux même dire de certains que je les ai trouvés « beaux ».
Comme je le disais plus haut, grâce à cette lecture (ainsi qu’à
celle d’Obia l’année dernière), j’ai beaucoup appris sur l’histoire de la
Guyane. Ici j’ai apprécié l’accent mis sur les problèmes de nationalité que
peuvent rencontrer les habitants. Je comprends mieux les raisons de l’incompréhension
(et donc de la révolte) que peuvent ressentir les guyanais face à la « loi »
et surtout à l’administration française. Une loi trop souvent plaquée et qui ne
correspond en rien aux réalités de la vie locale, de l’histoire locale.
Voilà, un coup de cœur donc pour ce petit bijou dont les héros
vont longtemps me trotter dans la tête ! J’ai maintenant hâte de lire la
suite des aventures de Anato et Vacaresse. J’espère arriver un jour à avoir le
temps de relire « Obia » et surtout à avoir le temps de blogger.
Un grand merci à l’auteur qui m’a dédicacé ce livre lorsque je l’ai
rencontré dans un salon littéraire à Vilennes, au mois de décembre dernier !!
Compte-tenu des évènements récents
j’ai peut-être bien fait d’attendre avant de le lire, et en même temps je ne
pouvais pas attendre plus longtemps avant de l’ouvrir !
Quelle tentation !
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