- Les nouveaux malheurs de Sophie ( Valérie Dayre)
- Poche: 165 pages
- Editeur : L'Ecole des loisirs (7 novembre 2001)
- Collection : Médium
- Langue : Français
- ISBN-10: 2211062989
- ISBN-13: 978-2211062985
Quand j’ai vu ce
livre sur la table du salon du livre « Lire en val » de Chevreuse ,
j’ai été intriguée par le titre. Je l’ai pris et, après voir parcouru le résumé
j’ai pris mon courage à deux mains pour demander à l’auteur si le sujet abordé
n’était pas un peu difficile pour des jeunes lecteurs… Elle m’a répondu qu’il
était plutôt destiné aux ados et aux jeunes adultes.
Je l’ai acheté (fait
dédicacer par la même occasion) et dévoré ce matin.
Et il ne m’a pas
laissé indifférente.
Le point de départ était léger :pour répondre à la question de son fils « qu’est ce qui fait grandir, une
femme se souvient…
Petite fille elle a été invitée avec sa mère par sa tante,
dans le sud. Elle habitait Roubaix. Elle était la 2ème d’une fratrie
de 6. C’est donc avec joie qu’elle a accepté d’aller passer une semaine seule
avec sa mère, chez sa tante, à la montagne. Elle y a enfin rencontré ses deux cousins, Grégoire et
Violaine, et Cora, leur mère. Les beaux objets, la maison, les nouveaux jeux, tout
ce nouvel environnement l’a enthousiasmé, émerveillée.
C’est aussi pour elle l’occasion de rencontré
Félix, un ami de ses cousins, issus d’un milieu moins aisé, que Cora a invité
presque par charité. Malgré le comportement de sa tante et de ses cousins
envers Félix qui la met mal à l’aise, quand sa tante lui propose de venir
passer un mois avec eux, au moins de juillet suivant, dans leur maison de Nice,
Sophie saute sur l’occasion. Mais le deuxième séjour ne passera pas pareil. C’est un séjour qui la fera grandir.
Dans ce livre on
est loin de l’univers enfantin des bêtises de l’héroïne de la Comtesse de
Ségur. C’est quasiment de maltraitance et de cruauté qu’il est question ici. L’auteur
pose également la question de notre capacité à réagir, à dénoncer des
comportements anormaux.
Chaque personnage de cette histoire m’a fait
réagir.
La tante d’abord. C’est une femme imbue d’elle-même,
qui se sent supérieure à sa sœur et sa nièce. Elle se révèle également cruelle,
et malsaine. Les cousins sont à l’image
de leur mère.
Sophie m’a touchée, émue. C’est une petite fille que
l’on voit grandir au fil du roman. Elle commence par se laisser éblouir par les
beaux atours de sa tante. Elle en vient presque à avoir honte de sa mère. Mais
sensible à l’injustice comme le sont les enfants, elle sent bien en même temps que le
comportement de ses cousins n’est pas normal. Elle essaie de réagir mais n’ose
pas trop s’opposer par peur d’être rejeter, de susciter la colère de sa tante,
et surtout de ne pas être crue par cette dernière. Lors de son voyage en solo
chez ses cousins, elle voit son univers s’écrouler. Elle voudrait s’en ouvrir à
sa mère par ses lettres mais elle n’ose pas car elle sait que sa correspondance
est lue.
En même temps
elle se sent coupable, coupable d’avoir accepté avec autant de joie son séjour,
d’avoir fermé les yeux sur la cruauté de ses cousins envers Félix lors de son
premier séjour. Elle est obligée de grandir trop vite.
Lors de ma
lecture, je me suis demandée pourquoi l’auteur
développait autant le premier séjour de Sophie, les relations des
cousins et de la tante avec Félix, alors que la partie sur le séjour à Nice
était plus courte. J’ai compris
pourquoi.
Pas besoin pour
l’auteur de s’étaler sur les injustices subies par Sophie, ses phrases simples,
sans fioritures sont claires et par conséquent percutantes. L’absence de
détails donne leur poids aux faits qui en apparaissent encore plus cruels.
C’est vraiment
un livre dense, intense que je ne regrette pas d’avoir lu !!!
Citations :
« Elle se
sent seule, soudain. Sa vie pas si jolie que celle des cousins, plus lourde à
porter. »
« Sophie se
demande pourquoi sa tante parle de Félix à la troisième personne en sa
présence. […] Ou bien parce qu’elle est gentille et qu’on ne dit pas
directement à quelqu’un, en face, « tu es tordu » ?
« Quand on
se range du coté des plus forts, ce n’est pas forcément par lâcheté… Parfois c’est
simplement par aveuglement ou par ignorance. »
« Sophie s’interroge
mais c’est comme si la question tournait à vide et inlassablement dans son
esprit. Elle sait fort bien ce qui se passe. C’est sous ces yeux mais elle ne
le voit pas. Ou elle ne veut pas savoir qu’elle voit. Les sons lui
parviennent très distinctement mais elle ne veut pas les entendre. »
« Tu es
petite encore mais comme tu changes. Je suppose que je dois l’accepter. C’est
aussi ça, avoir des enfants : admettre que toutes les influences
extérieures les ballottent. «
« Pleine
de honte et de suspicions envers elle-même, soudain. Elle a l’impression de ne
jamais dire ou faire ce qu’il faut. Ce sont sans doute ses maladresses qui
déclenchent chez Cora et ses cousins ces regards hostiles, méfiants. »
« Quand on
est une grande fille qui a insisté, décidé toute seule, contre l’avis de sa
maman de comment, où et avec qui elle passerait ses vacances, on ne dit pas non
plus qu’on a le cœur qui saigne de l’indifférence aussi soudaine qu’inexpliquée
des cousins auprès de qui la vie était si merveilleuse trois mois plus tôt. »
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