- On aurait dit une femme couchée sur le dos (Corine Jamar)
- Broché: 221 pages
- Editeur : Le Castor Astral (28 août 2014)
- Collection : Escales des Lettres
- Langue : Français
- ISBN-10: 2859209948
- ISBN-13: 978-2859209940
Mon
résumé :
Parce qu’elle
a demandé à ses amis, Claudie et Fred, de partir Samira se sent coupable.
Ils étaient
arrivés ensemble en Crête, après avoir fui la région parisienne dans l’espoir
d’une nouvelle vie.
Mais la
petite « cantine » ouverte sur une plage ne fonctionnait pas. Les
économies taries, Samira leur a suggéré de partir.
Entre temps
Samira est tombée sous le charme du bel Elephtéris. Elle s’est liée d’une
amitié profonde avec Walter, l’ancien chef opérateur au cœur tendre qui a eu un
Oscar pour la photo du film Zorba le Grec.
C’est une
profonde culpabilité qui ronge la jeune femme et l’empêche de goûter à son
bonheur, et d’enfanter.
Mon envie :
Il y a des
romans dans lesquels tout est donné. On peut les prendre, les poser et les
reprendre sans problème.
Il y en a
d’autres qu’il faut lire d’un coup, sans s’arrêter mais en prenant son temps. On aurait dit … fait parti de ces
livres qu’il faut apprivoiser et déguster à la fois.
Cet automne
j’ai commis l’erreur de tenter de le lire par petits morceaux, le soir. Mais,
avec le recul je m’aperçois que les tensions de la journée m’empêchaient d’être
disponible pour aller à la rencontre des personnages. J’ai donc abandonné ma
lecture pour d’autres plus « simples ».
J’avais
cependant la sensation d’être passée à côté de quelque chose. Il me restait
comme un goût d’inachevé, réactivé à chaque fois que je voyais la couverture
sur le haut de ma PAL comme on dit.
Un dimanche,
après avoir fini un livre, je me suis décidée. J’ai rouvert ce livre.
Instinctivement j’ai enlevé mon marque page et j’ai recommencé depuis le début,
depuis le premier mot.
Et j’ai été
emporté. J’ai succombé au charme des personnages.
Celui du bel
Elefthéris, sauvage comme la nature qui l’entoure. Fidèle à sa famille. J’ai
aimé ses fuites et ses retours vers la femme qu’il aime, sa conception de la
nature, de son amitié silencieuse pour Walter.
Comment ne
pas avoir envie de l’avoir pour ami, ce Walter. Amoureux de la nature, un peu
ennemi du progrès. Il a le talent de
laisser ceux qui l’entourent aller à leur rythme, faire leurs propres erreurs
sans les juger. Son amitié pour Samira a débuté comme un coup de foudre. Il a
ce don de voir derrière les apparences. Mais il n’est pas blanc comme l’agneau
qui vient de naître et c’est ce que j’ai apprécié.
Et puis il y a Samira, une jeune femme si marquée par le tort qu’elle a pu faire à ses amis, qu’elle se le fait payer. Elle accepte beaucoup de choses des autres, comme si cela pouvait être un moyen de se faire pardonner….
Et puis il y a Samira, une jeune femme si marquée par le tort qu’elle a pu faire à ses amis, qu’elle se le fait payer. Elle accepte beaucoup de choses des autres, comme si cela pouvait être un moyen de se faire pardonner….
Ce livre
c’est l’histoire de sa réconciliation avec elle-même… mais le chemin n’est pas
sans épreuves.
Et enfin,
pour couronner le tout, il y a la beauté des descriptions, de la nature, du
lien entre la nature et les personnages. La plume de Mme Jamar est tout
simplement envoûtante !
J’espère que
Mr Francis Dannemark m’excusera d’avoir tant tardé à lire ce livre, et à tenter
de vous en parler. J’ai eu du mal à trouver les mots, et même maintenant, en
les relisant, j’ai l’impression de ne pas avoir réussi à faire passer ce que
j’ai ressenti.
Quelques
citations pour que vous jugiez par vous-même :
« Quand
les premiers téléphones portables sont arrivés, il a refusé d’en acheter. Sur
la plage, il demandait à ses amis de les éteindre ou d’au moins les mettre sur
silencieux : selon lui avec les sonneries, on n’entendait plus la
mer. »
« Mon
père était aussi mystérieux que sa civilisation. […] Mon père, sa logique, sa
façon de penser étaient aussi difficile à suivre que les nombreux chemins de
montagne qu’aucune indication, même pas un cairn, ne venait baliser. »
« Il
était comme le vent qui pouvait être violent et souffler pendant des jours,
comme les tempêtes. »
« Les
fruits et les légumes déprimaient d’avoir été importés. »
« Je me
demandais comment ma mère ferait le jour où Walter ne serait plus de ce monde,
le jour où elle verrait flotter sur l’horizon le mot « Fin ». »
« Le
soleil, lui, apparaissait au-dessus de la montagne, retirant son drap d’ombre
et découvrant la plage. »
«
Voila, elle avait peur que mon père ne la quitte si, avec lui aussi, comme en
mer, elle allait trop loin. »
« Au
moment où le soleil touchait l’horizon, à ce moment précis, Walter interrompait
toute conversation et disait : « chut, le soleil se couche, the sun
is setting, o ilios katorizi, die Sonne geht unter » selon la nationalité
des gens qui partageaient avec lui ce moment unique et tout le monde était prié
de se taire, comme dans une salle de cinéma. »
« L’amour,
pour les d’ici, venait en sus, de toute façon il finissait par passer, alors
que les caresses du soleil, elles, sont éternelles. »
« Puis
la nuit était venue, engloutissant lettres et dessins dans le sable,
rassemblant dans son giron de noir les différences qu’il y avait entre le ciel
et la mer, un rocher et un arbre, un enfant handicapé et un autre, qui ne
l’était pas. »
« En
vieillissant, on devient tout petits, les rêves rapetissent, ils se fripent
comme les gens et deviennent laids. »
« C’est
étrange cette différence qu’il y a entre l’homme et la nature. Même quand la
nature fait du mal aux hommes, que la mer les engloutit dans une tempête, que
les arbres frappés par la foudre les écrasent, que la montagne les précipite
dans un ravin, même quand elle se met en colère, la nature reste belle, et pas
l’homme. »
« Ce
qu’il aimait, dans l’eau, c’était regarder la plage, juste pour avoir un autre
point de vue sur le paysage. Surtout sur cette montagne, à sa gauche, qui avait
la forme d’une femme couchée sur le dos, les genoux pliés et ses longs cheveux
de pierre descendant dans l’eau. »
« Mes
parents avaient tous les deux apposé leur signature au bas d’un parchemin de
sable et d’eau de mer encore plus solide qu’un contrat de mariage. »
Tu as pris ton temps pour lire ce roman (moi aussi) mais il fait partie des livres dont la valeur ne baisse pas, si on attend un peu, il vaut mieux trouver le bon moment.
RépondreSupprimerIl es est de même pour Le pays silencieux, tu te souviens avoir voulu le lire en livre voyageur? Tu étais en quatrième position, il vient d'arriver chez la troisième, l'idée est que chacune le temps, alors si tu veux toujours le lire, donne moi ton adresse à keisha_41@yahoo.fr
Merci pour ce bel article qui parle aussi du temps nécessaire à la lecture d'un roman, son rythme de lecture, c'est si rare et tellement juste ! Un grand merci !
RépondreSupprimerJ'ai oublié de dire que je suis Corine Jamar :)
SupprimerJ'ai oublié de dire que je suis Corine Jamar :)
SupprimerBonjour,
SupprimerMerci à vous de me faire l'honneur de passer sur mon blog. J'espère que malgré la maladresse de mes propos, cet article donnera aux lecteurs l'envie de vous lire.
Je vais partir à la découverte de vos titres personnellement.
Tu as gagné.
RépondreSupprimerLe Papou
????
SupprimerUn roman que j'ai beaucoup aimé aussi
RépondreSupprimer:-)
SupprimerMerci de votre passage sur mon blog!