- Nous tous sommes innocents. (Cathy Jurado-Lécina)
- Broché: 205 pages
- Editeur : Les Editions Aux forges de Vulcain (8 janvier 2015)
- Collection : Littératures
- Langue : Français
- ISBN-10: 2919176870
- ISBN-13: 978-2919176878
Mon résumé et mon avis:
Pas besoin d’être un devin
pour savoir que ça allait mal finir. Quand on vous refuse le droit d’être
enseignant, puis celui de vous marier avec la femme qui vous plaît, qu’on vous
force à rester à la ferme…. que faire ?
Au fond l’histoire de
Jean, c’est cela, une suite de refus. Rajoutez-y un père qui devient fou, une
sœur acariâtre qui décide un jour de couper la famille du village, une mère un
peu faible de caractère, et une jeune sœur un peu folle… Et vous comprendrez
que la folie était inexorable.
Ça aurait pu être un livre
déprimant, mais l’auteur possède un talent. Par ses phrases concises,
percutantes, elle arrive à créer un texte quasi poétique (la poésie peut naître
de la douleur, non ?), en tous cas envoûtant, qui prend aux tripes comme
on dit.
Avec Jean j’ai eu mal,
j’ai eu envie de crier, de hurler, de fuir. Mais comme lui j’ai eu les pieds
englués dans la boue de la ferme.
Et au milieu, comme une
fleur dans le désert, la relation entre Jean et sa petite sœur. Paule…havre de
paix et d’innocence au milieu du désespoir et de la douleur. Paule, sorte de
lumière dans la noirceur, nuage blanc dans le ciel d’orage. Paule, la folle,
qui semble pourtant être la plus raisonnable de toute, comme si fuir dans un
autre monde était la seule issue possible pour continuer à vivre au cœur de la
ferme des Passereaux. Être folle pour ne pas le devenir…
Comment ne pas être émue
par la relation entre Jean et Odette? Une relation au-delà des mots. Des
échanges silencieux plus forts que tous les autres…..
Un livre qui reste en
mémoire…..
Un grand merci à Mme
Viviane du Guiny, des éditions ‘ Aux forges de Vulcain ‘ pour cette
découverte et pour son petit message
joint au livre !!!
Citations:
« Pour Jehan Martin
, un instituteur était un badaud, quelqu’un qui n’avait rien de mieux à faire
que parler dans le vide, en agitant des mains de fille, pour ennuyer les autres
avec ses discours, et à qui l’orgueil faisait croire qu’on trouvait dans les
livres réponse à tout. Un peu comme le curé. »
« Personne ne les a
jamais entendus parler, mais on voyait bien, nous, qu’ils étaient les rois, que
rien ne pouvait leur arriver. Il passait entre eux quelque chose d’invisible et
de ténu comme un souffle. Quelque chose d’implacable et de fort. »
« Odette était ce
que Jean n’était pas : elle était pure et une, il était mêlé et
tourmenté. »
« En réalité, ce qui
le fascinait plus encore que les mythes eux-mêmes et ce qu’ils étaient censés révélés, c’était leur
pouvoir d’attraction sur ses camarades, leur capacité à les plonger tous dans
une fascination où s’avalaient le temps et l’espace, entraînant les enfants
qu’ils étaient dans un effroi proche de l’hébétude. »
« Dans son esprit
d’enfant, les récits mettaient en ordre ce qui, dans le petit univers étriqué
qui était le sien, n’en avait pas, et ils nouaient aussi ce petit monde avec le
grand monde, celui qui commençait au-delà des Passereaux, au-delà du village et
des grandes étendues de champs couvertes de corbeaux. »
« Quelque chose
s’est effondré, émietté. Quelque chose de Jeannot s’est pulvérisé, et ensuite n’a
fait que se disperser peu à peu, comme une nuée de poussière dans le
vent. »
« Soudain il découvre
ceci que demain sera semblable, et après demain et tous les autres jours. Et
cette irrémédiable découverte l’écrase. Ce sont de pareilles idées qui vous
font mourir. Pour ne pouvoir les supporter, on se tue – ou, si l’on est jeune,
on en fait des phrases. » Albert Camus.
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