- Non-dits (Gisèle Fournier)
- Broché: 158 pages
- Editeur : Editions de Minuit (19 août 2000)
- Langue : Français
- ISBN-10: 2707317160
- ISBN-13: 978-2707317162
- Dimensions du produit: 18,5 x 13,5 x 1,4 cm
Mon résumé et mon avis
Ça commence un peu comme
la chanson « Quatre murs et un toit » de Bénabar. Mais la maison que
revient visiter Mathilde est à l’abandon. Et ses murs n’ont pas vu que le
bonheur. Les cris qui y ont résonné, ont surtout été des cris de colère, et plus que les discussions ce sont
les silences qu’il faut écouter pour comprendre ce qui s’est passé.
Car pas besoin de meurtre
ou de sang pour être dans une atmosphère de violence. Dans cette maison, les
mots dits, suggérés, non-dits, les regards ont été plus meurtriers que des couteaux.
Ceux de Mathilde, Lisa,
Léonce, Camille, Thomas, et Léa ont été destructeurs.
Il y a des livres que l’on
prend un peu par hasard, sur un coup de tête (un peu comme les bonbons à la
caisse au supermarché. Parce qu’ils sont là posés sur la table de la
bibliothèque. Parce qu’on aime la collection. Ce fut le cas pour moi avec «
non-dits ».Il faisait partie d’une sélection « les éditions de
minuit » à la médiathèque. Pas de résumé derrière, seulement des critiques
dithyrambiques. J’ai cédé à la tentation.
Et les silences des
personnages m’ont frappée de plein fouet. Chacun à leur tour, comme dans un
confessionnal, les personnages nous racontent comment on peut mutuellement
se détruire à coup de non-dits. Comment
les secrets, (vrais ou faux) découverts ou à garder, comment les omissions, les
occultations (plus ou moins volontaires), les rumeurs peuvent ronger. A quel
point l’amour peut se transformer insidieusement en haine.
Je n’en dirai pas plus sur
l’histoire, je laisse le lecteur s’y plonger. J’espère que comme moi, vous
serez pris au piège de cette histoire. J’ai aimé la plume de Mme Fournier qui
oblige le lecteur à devenir un détective. En ne nommant pas explicitement qui
est le narrateur, elle oblige le lecteur à se transformer en détective, à
essayer de déduire des mots, des dialogues rapportés, quel est le personnage
qui parle. Impossible de rester en marge dans ce livre.
J’ai maintenant très envie
de poursuivre ma découverte de cette auteur.
Citations :
« A présent, je sais
que le temps à tissé ton piège. Le temps, ou autre chose. D’un fil invisible,
et pourtant solide. Parfois le soupçon m’effleure que je l’ai aidé. Mais les
époques se mêlent s’enchevêtrent. Comme les saisons que j’ai vues passer. Une à
une. Et dont il ne reste rien. Juste un souvenir confus. Quelque chose de
lointain, de vague, comme la trace d’un livre lu il y a longtemps. »
« En épousant
Camille je rachetais la vie de mon père consacrée pour une large part à servir
et à enrichir le sien. Et je biffais d’un trait une infériorité dont la
conscience avait douloureusement marqué mon enfance. »
« Car j’ai pensé que
je n’avais rien à perdre. J’avais beau chercher. Je ne trouvais rien. Rien qui
pût m’inciter à aller de l’avant. Ni même me retenir vraiment. J’étais en état
de simple survie. Pouvait-on satisfaire de cela ? Non. J’avais répondu
non. Et cependant c’était cela qui m’arrivait. Une survie qui n’avait pas d’autre
but qu’elle-même. »
« Un matin de dégoût.
De soi. De tout. Ces heures où l’on ne peut rien faire. Le temps vacant. A
fixer le néant. Ne pas penser plus loin. Ne pas se souvenir non plus. Et je
suis là, en équilibre. Accroché à une bribe de présent. Arc bouté contre une
force qui voudrait m’annuler. Mais je prends le malheur de toutes parts. Il se
diffuse. Il m’imprègne. Bientôt, il me dissoudra. »
« Peut-être trop
occupé à se protéger du mensonge et de la méchanceté. De la folie aussi. Oh,
pas de celle que l’on séquestre ou que l’on assomme à coups de substances
chimiques. Non. Une dissonance, un décalage. Une folie sournoise. »
« J’aurais du aller
lui casser la figure à Thomas. Je ne l’ai pas fait. Pas par lâcheté. Mais pour
refuser à cette monstruosité la moindre réalité. Ne pas bouger c’était la
refouler. Et c’était briser tous les enchaînements possibles. »
« Comment nouer
ensemble tous ces fils et tisser une histoire cohérente, où chaque évènement
trouve sa place, sinon sa signification. La mienne, la nôtre est un chaos, un
amas de fragments épars et disparates dans lequel on doit bien cependant
pouvoir discerner un sens, un enchaînement. »
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