- Luz ou le temps sauvage (Elsa Osorio)
- Poche: 353 pages
- Editeur : Editions Métailié (11 avril 2012)
- Collection : Suites
- Langue : Français
- ISBN-10: 2864248794
- ISBN-13: 978-2864248798
Mon
résumé :
C’est l’histoire
de Miriam qui veut devenir mannequin… et qui
pour payer l’école de mannequinat en vient à se prostituer puis à nouer
une relation avec Pittioti, dit «
La Bête » et à avoir envie d’un enfant.
C’est aussi l’histoire de Mariana et Eduardo qui
perdent leur bébé à la naissance.
Et enfin l’histoire de Liliana qui est enceinte et
accouche d’une petite Lili.
Et puis il y a
l’Histoire tout autour. Celle avec un grand H. Celle de l’Argentine en 1976.
Une Argentine aux mains des militaires de Perón. Une dictature militaire qui
fomente la disparition forcée de milliers d’opposants et le règne de la
torture.
C’est Luz, 20
ans, qui, par le récit qu’elle fait à Carlos, lie toutes ses histoires. Un
Carlos qu’elle a recherché pendant 2 ans au moins…
Mon avis
Voici encore un
livre à mettre dans la catégorie Coup de cœur-coup de poing…
En faisant
alterner le récit de Luz et les remarques de Carlos l’auteur plonge vraiment le
lecteur dans l’histoire et l’Histoire. Luz nous rapporte les pensées, le vécu,
les questionnements de chaque protagoniste. Et les réactions de Carlos, livrées au fur et à mesure, rendent le récit
plus poignant, plus vivant. Ce procédé permet également d’éviter une vision
simpliste de l’histoire, où les révolutionnaires seraient les gentils et les
militaires les méchants. On voit au cours du récit les personnages évoluer,
grandir presque. Cela est particulièrement apparent pour le personnage de
Carlos. S’il commence par en vouloir à
Luz d’utiliser le terme papa quand elle parle de celui qui l’a élevée, il comprend
petit à petit le ‘pourquoi du comment’ de sa relation à cet homme.
Plus que d’une
simple histoire de filiation, ou même d’une énième critique de la dictature
argentine, ce livre soulève le problème de la culpabilité. Pourquoi Eduardo a-t-il agi comme ça ? De
quelle manière assumer les conséquences
de ses choix (ou non-choix ?) ? Peut-il « réparer »
ses erreurs ? Si oui, comment le faire ?
Ce livre pose, à travers les personnages d’Eduardo, de
Carlos des questions sur la notion filiation ; sur le sentiment de
filiation. Un enfant doit-il aimer ses parents ? Peut-il les aimer quels
que soient leurs actes ? Un enfant a-t-il le droit de juger, de condamner
les actes de ses parents ? Comment
le lien parent-enfant se construit-il ? Peut-il se bâtir sur des
mensonges ? Comment la relation
d’une fille à sa mère influe-t-elle sur la femme que cette dernière
deviendra ? Se construit-elle grâce ou en dépit de cette relation ?
L’histoire
racontée par Luz nous interroge aussi sur notre attitude, et nos rapports à
l’histoire de notre pays, du monde qui nous entoure. Doit-on se tenir au
courant de l’actualité ? Peut-on choisir d’ignorer certains faits pour
vivre ?
C’est vraiment
un livre dense et riche en interrogations qu’a écrit Elsa Osorio. Et elle
réussit en plus à ne jamais juger ses personnages, et à ne jamais tomber dans
le moralisme (un vrai challenge) ou les clichés.
Les personnages sont pour la plupart attachants, et en tout cas ne laissent pas insensibles. On peut tous les « comprendre », même « les méchants »
Les personnages sont pour la plupart attachants, et en tout cas ne laissent pas insensibles. On peut tous les « comprendre », même « les méchants »
Citations
« Toi tu es
là-dedans parce que tu crois en une société plus juste, tu me l’as dis, moi je
crois que dalle, tu comprends ? Je crois que tout est merdique et je n’ai
pas l’intention de mourir pour un truc en quoi tu crois et moi pas. »
« Tu ne
crois pas que les grands experts en révolution que vous étiez auraient pu se
demander s’ils avaient le droit d’exposer un enfant au risque de disparaître,
comme vous-mêmes, de se voir voler votre identité. Ces gosses n’ont pas eu,
comme leurs parents le choix de courir ce risque en fonction telle ou telle
idéologie. […] C’était la morale révolutionnaire ou du pur égoïsme? »
« Mes
propres parents m’ont exposé à ce terrible destin : disparaitre….en
restant en vie. »
« Mais il
n’y a pas d’amis, d’affections, de fidélités, il n‘y a rien qui résiste à la
torture. »
« Luz
était-elle coupable d’aimer cet homme qui l’avait volée ? »
« Pleurer
avec quelqu’un qui souffre de la même chose n’est pas pareil que ces larmes solitaires,
stériles parce que c’est savoir qu’il y a un temps pour les larmes et un temps
pour l’action. »
Je note ce livre pour le challenge petit bac 2014 ligne adulte, catégorie prénom
J'adore ce genre de catégorie et de lecture qui nous remue.
RépondreSupprimerJe ne connais pas mais d'après ce que tu en dis, ce livre pourrait être intéressant...
RépondreSupprimerBonne fin de soirée.
il l'est!!!!!!!!!!!
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