- L’enfant qui mesurait le monde (Metin Arditi)
- Broché: 264 pages
- Editeur : Points; Édition : 01 (1 juin 2017)
- Collection : POINTS
- Langue : Français
- ISBN-10: 2757864483
- ISBN-13: 978-2757864487
Mon résumé :
Les
chiffres, c’est l’obsession de Yannis, 11 ans. Il DOIT savoir, tous les jours,
dans quel ordre sont rentrés les bateaux au port, combien de kilos de chaque
sorte de poissons chaque pêcheur a rapporté… Et chaque soir à 20h, il doit
compter combien il y a, au café, de clients (sur la terrasse et à l’intérieur).
Pourquoi ?
Pour comparer avec les chiffres de la veille.
Pourquoi ?
Parce que s’ils sont identiques, alors c’est que le monde est stable et l’angoisse
du jeune garçon diminue.
Mais voilà
qu’un promoteur immobilier envisage de construire un grand complexe touristique
sur la petite île… menaçant de rajouter de l’instabilité dans la vie de la
petite île grecque.
Comment dès
lors faire obstacle au chaos ?
Mon avis
Une fois n’est
pas coutume, j’ai lu ce livre deux fois (à un mois d’intervalle). J’avais l’impression
d’être passée à côté de cette histoire. Et j’ai eu raison.
Ma deuxième
lecture m’a permis de mieux appréhender à la fois l’histoire dans sa globalité
et les relations entre les personnages.
Dans cette histoire, on s’aperçoit qu’il n’y a pas que Yannis qui est obnubilé par les chiffres et la volonté de maîtriser le monde. La seule différence c’est que lui ne peut maîtriser son angoisse, lutter contre elle quand elle l’envahi. Chaque changement (même la position de son bol par rapport à son verre) est pour lui inacceptable, insupportable.
Dans cette histoire, on s’aperçoit qu’il n’y a pas que Yannis qui est obnubilé par les chiffres et la volonté de maîtriser le monde. La seule différence c’est que lui ne peut maîtriser son angoisse, lutter contre elle quand elle l’envahi. Chaque changement (même la position de son bol par rapport à son verre) est pour lui inacceptable, insupportable.
A ce sujet,
je trouve que l’auteur décrit bien le quotidien des parents autistes : l’obligation
de tout anticiper, de tout refaire toujours à l’identique. Il parle de la
difficulté d’introduire des nouveautés dans la vie des personnes ayant des
troubles du spectre de l’autisme, la nécessité de le faire petit à petit, d’accepter
de continuer malgré les refus, et ce sans savoir si on atteindra son but. A
travers le quotidien de Maraki, la mère de Yannis, on comprend combien tout
cela est pesant, angoissant. Car une question tourne dans la tête de cette mère :
que se passera-t-il quand il sera plus grand, et surtout quand elle ne sera
plus là pour s’occuper de lui ? On
ressent la lutte entre ses regrets d’avoir abandonné (par obligation) sa vie de
femme, et son amour infini pour son enfant.
Eliott, l’architecte
américain, arrivé sur l’île un peu par accident, à la suite de la mort de sa
fille, 12 ans auparavant, est lui aussi obsédé par les chiffres et la mesure. Depuis
12 ans, il recherche, dans le monde, la présence du nombre d’or dans l’architecture
grecque… poursuivant ainsi le travail de sa fille. Pour lui le nombre est un
moyen de communiquer avec cette dernière, de faire son deuil aussi. Une façon
de re-maîtriser un monde déséquilibré depuis qu’elle est partie.
Ce livre
pose aussi la question de notre capacité, à nous les humains, à maîtriser notre
monde. Cette maîtrise est-elle la condition de notre bonheur ? On pourrait
penser que oui, mais paradoxalement c’est un évènement imprévisible (l’arrivée
d’Eliott) qui va rendre l’existence de Yannis plus « stable ». et l’enfant
moins anxieux.
En fait, par
cette histoire d’amitié entre un homme blessé et un enfant autiste, l’auteur
nous montre aussi que ce qui rend le monde beau, vivable ce n’est finalement
pas l’argent, ni les choses tangibles comme les bâtiments… Non ce sont les
liens qui se tissent entre les hommes, qu’ils soient amoureux ou amicaux, qui
rendent le monde prévisible en nous amenant à accepter l’imprévisible.
Comme le dit
le prête de l’île à propos de Yannis : « Cet enfant porte en lui toute la douleur des
hommes […]. L’immense solitude et l’impossibilité désespérante de s’ouvrir à l’autre. »
J’espère que
vous pardonnerez la maladresse de cette longue critique… Je crois que je
garderai longtemps l’image de ce village qui se fige à 20h chaque soir, pour qu’un
jeune garçon, pourtant ‘peu sociable’ puisse exécuter son rituel et être un peu
moins anxieux.
Un coup de cœur !!!
Quelle bonne idée de donner une seconde chance à ce roman. Je le note, forcément.
RépondreSupprimerc'est rare quand j'ai le temps de le faire mais j'ai bien fait !!!!
SupprimerJ'avais été moins enthousiaste que toi...
RépondreSupprimer