atelier d'écriture 223

 

 Merci à Leiloona pour cette photo ... 

 

"Droit devant.
Toujours regarder droit devant. Toujours rester droite comme la Tour Effet derrière moi.

Q’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige je dois veiller sur eux.

Je ne dois pas trahir les parisiens.

Même s’ils ne se soucient pas de me trahir eux. Même s’ils ne me voient plus.

Je fais partie du décor. Un élément qui a toujours été là et qui le sera toujours…

Toujours ?

Parfois je rêve. Je rêve que je ne suis plus une statue mais une jeune femme comme les autres. Un peu comme ces acteurs qui jouent à ne pas bouger dans les villes touristiques du monde.

Je rêve que je descends de mon piédestal  Je rêve que je marche dans la rue. Que mes pieds foulent le bitume. Je rêve qu’une main se glisse dans la mienne. Je rêve qu’un homme marche à mes côté, qu’il me fait découvrir Le Paris d’en bas. Celui des touristes. Celui des parcs et jardins, celui des bords de Seine.
Peut-être qu’en bas on sent moins la pollution, que l’on voit moins le ciel de plomb et plus le ciel bleu.
Pensent-ils tous ces être humains à ce que nous les statues nous ressentons ? Pensent-ils aux éclats de rire que l’on tait quand ils nous font des grimaces ou qu’ils se cassent la figure ? Pensent-ils aux larmes que l’on retient quand on voit des couples qui se séparent ? Pensent-ils aux élans qu’il faut maîtriser quand des choses belles ou graves se passent à nos pieds ?

Non ils ne voient en nous que des morceaux de pierre, de marbre taillés par la main de l’homme.

A qui le cœur de pierre ? "