Quatrième de couverture :
Cette mélodie, elle la connaissait. D'où venait qu'eue l'entendait de nouveau en moins de deux jours ? Avec cette façon similaire de décaler, de balancer les notes en dehors du temps, d'être fidèle puis de trahir... Rien en vue pourtant. Le hautbois devait s'extraire d'une rue transversale. D'ailleurs l'instrument s'était tu. Isabelle se demanda si elle avait rêvé, mais non. Les sons continuaient à résonner en elle, persistants. S'agissait-il du jeune homme à la tête étrange cette fois encore ? Celui au regard flatteur ? Ce serait un sacré hasard.
Sous les dehors d'un conte de ta vie ordinaire, Murielle Magellan raconte l'étonnante renaissance, à trente ans d'intervalle, de deux femmes blessées : une mère et sa fille. Drôle, inventive, toujours bienveillante, Murielle Magellan a l'art de réenchanter la monotonie du quotidien au gré de petits miracles qu'elle fait surgir au coin de la rue.
Mon avis
D'abord merci à Sandrine du blog pages de lecture qui a fait voyager ce livre jusqu'à moi. ( http://pages.de.lecture.de.sandrine.over-blog.com/article-un-refrain-sur-les-murs-de-murielle-magellan-75195777-comments.html#anchorComment) .Commencé vendredi, je l'ai fini hier soir. En bref je l'ai dévoré.
Août 1987.
Isabelle laisse ses deux enfants dans le train qui les emmène passer des vacances avec leur père. Son programme à elle : aller passer trois semaines chez sa maman, s’occuper d’elle… S’occuper de sa mère pour ne pas penser, pour remplir ce mois d’août. Car Isabelle est ce que certain appellerait une femme sans relief… Depuis son enfance, elle fait tout pour ne pas se faire remarquer (« Il valait mieux pour son matricule que la petite dernière ne pesât pas. ») Elle dit tout le temps « oui », sourit, mais elle de se donne pas, ne sait pas s’exprimer en public et n’a que peut d’amis.
Alors quand sa mère lui demande de ne pas venir s’occuper d’elle ( elle reçoit en effet un vieil ami pas vu depuis 40 ans), le monde s’écroule autour d’Isabelle. Elle se planifie des journées ultra structurées, minutées presque…
Mais c’est compter sans l’irruption de « so what », un musicien entendu sur le quai de la gare et recroisé ensuite dans son quartier. L’irruption de cet homme va changer non pas la vie mais Isabelle elle-même. Il va l’ouvrir au monde. (Comment ? A vous de lire !!)
En parallèle on suit la vie de Romane, 23 ans plus tard. Une Romane en révolte contre sa mère et le monde. Une Romane qui, en retournant dans se chambre d’enfant, va renaître à la vie, redécouvrir cette mère en apparence si plate.
Les vies de ces 2 femmes sont bouleversantes. On voit comment on peut passer à coté des gens, et en même temps comment des illustres inconnus peuvent nous révéler à nous même. Parce qu’ils ont un regard nouveau, plus ouvert, un regard qui laisse une chance…..
Le regard de Murielle Magellan est à la fois tendre, respectueux et objectif sur ces personnages.
Un vrai coup de cœur …
Citations :
"on a souffert à distance, chacune dans sa geôle. Elle en silence. Toujours en silence ma mère. Comme si elle ne vivait rien, comme si tout était normal"
"Impossible d'articuler tout ça. Mon esprit peut le concevoir, ma bouche ne peut pas l'exprimer. Comme si prononcer certains mots à haute voix c'était me jeter dans le vide, sans mesurer l'effet que cela aura sur ma vie, bien sûr, mais aussi sur le monde "
"Je ne veux pas rester ici à ne rien faire. M'occuper de quelqu'un, ne pas penser"
"Combien sommes -nous à observer, passifs, les acteurs du monde en se demandant comment ils font tous? "
" Nous les immobiles. Aux rêves intérieurs. Aux audaces muettes. Aux terreurs enfouies."
" Je suis aussi une bonne à rien de 29 ans qui n'a pas de situation sociale et qui en est encore à haïr ses parents [...]Je suis une attardée qui ne trouvera peut-être jamais sa place dans le monde. Je le sais. C'est pour ça que j'aimerais avoir le courage de crever vite"
Quel beau billet, bravo !
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