samedi 7 novembre 2020

Un jour viendra orange (Grégoire Delacourt)

 Un jour viendra couleur d'orange      

  •  Un jour viendra orange (Grégoire Delacourt)
  • Broché : 272 pages
  • ISBN-13 : 978-2246824916
  • Dimensions du produit : 14.2 x 2.2 x 20.5 cm
  • Éditeur : Grasset (19 août 2020)


Un jour viendra orange (Grégoire Delacourt)

Mon résumé

Pour Geoffroy, 13 ans, rien n’est plus apaisant que les couleurs et les chiffres. D’ailleurs, il ne peut commencer sa journée sereinement si les ingrédients de son petit déjeuner ne sont pas disposés selon un dégradé chromatique parfait, du plus « clair » au plus « foncé » et surtout sans être mélangé.

Dans la vie de Geoffroy il y a Louise, sa mère, Pierre, son père et Djamila.

Louise travaille dans un service de soins palliatifs. Un quotidien difficile qui ne l’empêche pas d’entourer son fils de toute la douceur dont elle est capable. Un quotidien qui ne l’empêche pas de toujours trouver l’énergie pour essayer de s’adapter à son fils, pour essayer de le comprendre.

Pierre, lui n’est que révolte. Et en cette période où les Gilets jaunes manifestent, il a trouvé un moyen d’exprimer sa colère. La naissance de son fils si étrange a bouleversé ses rêves. Et même 13 ans après il n’arrive pas encore à le comprendre, à communiquer avec lui.

Djamila, c’est la bouffée d’oxygène de Geoffroy. Elle le comprend sans mots, le prend tel qu’il est sans chercher à le « normaliser ». En un mot, elle l’aime.

 

Mon avis :

De Grégoire Delacourt, j’ai lu son premier livre « L’écrivain de la famille » et son second : La liste de mes envies. Depuis, plus rien. Les thématiques de ses écrits suivants m’intéressaient moins, de même que le battage médiatique fait autour de l’auteur m’énervait. Je dois avouer que si j’ai choisi d’acheter celui-ci c’est uniquement parce que son personnage principal est autiste.

Et finalement je ne regrette pas ma décision.
J’ai été un peu déstabilisée par l’écriture de ce livre.

Dans certains passages, beaucoup de phrases courtes, d’allers-retours dans l’histoire économique et sociale française des dernières années, de longs passages concernant la lutte des gilets Jaunes, leur quotidien. Des passages qui sont ultraréalistes, quasi analytiques.

Les passages qui concernent Louise, Geoffroy et Djamila ont, eux, des allures de conte. Là-encore les phrases sont courtes mais le rythme est différent. C’est comme une respiration. Les mots utilisés sont ceux des émotions, des sensations, de la nature… L’écriture est poétique.  

Le contraste est saisissant, étrange mais il fait l’originalité de ce livre.

 

J’ai vraiment aimé la poésie qui se dégage des moments plus « contes ». J’ai aimé n’avoir qu’à me laisser porter par les mots et juste laisser les images se dérouler sous mes yeux, les couleurs m’envahir.
Même si les passages concernant Geoffroy ont des allures de conte cela n’exclut pas une description réaliste des traits autistiques du jeune garçon. Pour avoir quelques connaissances dans le domaine on retrouve bien la rigidité au changements, l’importance des rituels, les intérêts particuliers. J’ai vraiment aimé le personnage de Geoffroy, sa sensibilité, son approche du monde.
J’ai aimé le regard que Djamila porte sur Geoffroy, l’acceptant tel qu’il est, le laissant être ce qu’il est, faire ses rituels, compter et l’aimant pour ce qu’il est.

J’ai aimé le personnage de Louise, sa relation à son fils, sa relation au monde et sa conception de son travail.

J’ai été émue par la détresse de Pierre, par son désarroi face à son fils, à son monde qui s’écroule. Il est un homme qui tente de tenir débout, un homme qui fait des choix, certes pas toujours les bons mais qui en fait, tente juste d’avancer, de trouver une raison de continuer la route. C’est un père qui devient père.

Au final je pense pouvoir dire que ce livre est un peu un coup de cœur.
En tout cas c’est un livre à découvrir, pour son écriture et ses personnages

 

Citations :

« Les adultes tuent ceux qui leur rappellent ce qu’ils ont tués en eux ».
« Pierrot a dégueulé des mots qu’aucun d’entre eux n’avait jamais entendus dans sa bouche,  des mots de père submergé, d’homme sans force, aux os mous, vous n’imaginez pas ce que c’est d’avoir un fils comme ça, un gamin qui vous regarde sans vous voir, […]J’ai jamais pu le prendre dans mes bras, ce gosse, je connais même pas l’odeur de sa peau, je ne sais même pas si elle est douce »

1 commentaire:

  1. Quelques bémols de lecture (la mère notamment), mais une lecture qui reste passionnante.

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