dimanche 20 décembre 2015

Atelier d'écriture 201



 © Romaric Cazaux

 Merci à Bricabook pour cette proposition d'atelier et à
Romaric Cazaux. pour la photo .
  

Attente......
Mais que font-ils ? Quand vont-ils enfin revenir ?
Ils m’avaient dit  « 5 minutes, juste le temps de prendre une photo avec la petite et on revient…. »
J’aurais du regarder l’heure quand ils sont partis… Peut-être que ça ne fait pas encore 5 minutes ? Peut être que je suis trop stressée.
Je devrais leur faire confiance. Mais je n’y arrive pas. Quand il s’agit de ma fille je ne peux pas faire confiance.
J’ai beau prendre sur moi, je n’y parviens pas. Elle est tout pour moi. Je voudrais pouvoir la conserver à mes côtés sans arrêt, l’avoir sous mon regard 24 heures sur 24. Les psy (-cologues, -chiatres) diraient qu’une mère se doit de savoir se séparer de son enfant, qu’on ne fait pas des enfants pour soi mais pour les accompagner  vers l’autonomie.
Tout le monde dit tellement de choses sur ce que doit être ou ne pas être, faire ou ne pas faire une mère. Comment peuvent-ils savoir ? Chaque relation mère-enfant est unique puisque chaque être humain est unique. C’est du moins ce que je pense. Et puis, comment ne pas être inquiète après tout ce que j’ai vécu depuis sa naissance. Et s’il recommençait ? Si de nouveau il se faufilait, grimé en touriste et qu’il me l’enlevait ? Il suffit de quelques centièmes de seconde d’inattention… je ne suis bien placée pour la savoir. Quelques seconde et c’est le monde qui s’écroule, les tornades qui se déchaînent. Quelques secondes et le tourbillon des «  et si » qui envahit… Un tourbillon qui ronge. Les tripes qui se déchirent sous l’effet de l’inquiétude, les pieds qui courent dans tous les sens, sans ordre, comme déconnecter du reste du corps et du cerveau, pour tenter de trouver une solution, pour tenter de la retrouver.
Encore maintenant je me demande «  que ce serait-il passé si ce passant n’était pas intervenu »? Où l’aurait-il emmené ? Qu’en aurait-il fait ? Que lui aurait-il fait ? Elle est si petite, si vulnérable. Aussi vulnérable que moi quand elle n’est plus dans mon champs de vision.
Mais pourquoi ne reviennent-ils pas ? Dois-je réveiller cet homme qui dort pour qu’il aille les chercher ? Dois-je y aller moi-même ? Que faire ? Hurler ? Courir ?
Le temps est si long quand on attend ? C’est comme quand, enfant, j’attendais « l’heure des parents ». Je me demandais alors comment les autres pouvaient profiter de la récréation, alors que peut être on ne viendrait pas les chercher ? Comment pouvaient-ils faire confiance aux adultes ? Comment faisaient-ils pour se couper de leur inquiétude ? Pour ne pas se laisser envahir ? J’ai l’impression d’être de nouveau petite… s’il vous plait… ramenez-la moi, on en fera ailleurs de photos… ça ne changera pas sa vie si elle n’a pas de photo d’elle devant le Château, si ? Ça changera la mienne si elle ne revient pas….

3 commentaires:

  1. Une belle histoire,très prenante car malheureusement tres réaliste....Une belle utilisation de la photo....

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  2. Olala, je n'avais pas pensé à cette idée, mais elle colle parfaitement à la photo, et boudiou j'ai les tripes qui se tordent quand je lis ton texte ...

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  3. Ouchhh, un texte qui chamboule et qui est hélas proche de tout ce que l'on entend... tu as su bien décrire les émotions qu'on ne souhaite à personne, même à son pire ennemi.... Nady

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