- Buvard ( Julie Kerninon)
- Broché: 192 pages
- Editeur : ROUERGUE (8 janvier 2014)
- Collection : La brune
- Langue : Français
- ISBN-10: 2812606169
- ISBN-13: 978-2812606168
Mon résumé :
De Caroline
N.Spacek, Lou ne connaît que les livres. Il sait aussi qu’elle a 39 ans et lui
24. Il préfère les hommes et elle aussi…. Elle vit dans une maison isolée du
Devon.Ce qu’il
ne sait pas c’est pourquoi elle a accepté de le recevoir, lui, illustre inconnu
pour une interview alors qu’elle a la réputation d’être plus que sauvage.
L’interview
va prendre plus que temps que prévu et Lou va apprendre à écouter les silences autant que les paroles,
et à remplir les blancs…
Mon avis :
Bizarrement
c’est un livre que j’ai aimé mais pas dévoré.Au contraire je l’ai lu petite
dose par petite dose.
C’est
peut-être dû à la mise en page. Autant vous prévenir, le texte est peu aéré,
les paragraphes quand ils existent, assez long. Les dialogues sont rarement marqués par un
retour à la ligne avec tirets comme on nous l’a appris à l’école. Les phrases
quant à elles sont longues, avec beaucoup d’accumulations.
En fait, c’est
plus probablement la densité du texte qui est responsable. Sans être long ( 200
pages) le texte est dense.
Julia
Kerninon nous décrit avec précision (mais sans longueur) la naissance et l’évolution
de la relation entre Lou et Caroline. On sent l’attachement croissant du jeune
homme pour cette femme de 15 ans son ainée. Le lien se construit petit à petit,
au travers des mots échangés et des non-dits. Mais c’est aussi grâce au
quotidien partagé, que Lou parvient à approcher vraiment Caroline, car c’est
avec le temps que les questions naissent…
Mais leur «
relation » n’est pas de tout repos. Caroline est une femme brisée,
malmenée par la vie. Comme Lou, elle a eu une enfance difficile et cela les
rapproche un peu. Mais elle en garde aussi une incapacité à montrer son
attachement. Elle passe de la tristesse à la joie ou à la colère en un
claquement de doigts. Et Lou doit marcher sur des œufs pour ne pas se voir
remercier.
Voir la
relation entre les deux personnages se
construire et évoluer, sans bons sentiments, m’a vraiment intéressé. Je me suis
attachée en fait à ces deux personnages à la fois fous et pas si fous que ça,
en tout cas deux êtres aux grands cœurs.
C’est un
livre à lire à petite dose, à absorber presque, comme un buvard.
Avant- goût….
« Ça me tuait d’être si
loin de Piet, mais dans un sens, si je n’avais pas été là où j’étais alors j’aurais
été loin de moi et même si je ne comprenais pas exactement ce que ça signifiait
je savais que ça aurait été catastrophique »
« C’est parce qu’il m’a
recueillie que j’ai appris à me recueillir un peu aussi, tu comprends ? »
« Quand il s’était tourné
vers moi pour m’embrasser, ça avait été comme de boire le soleil à la bouteille. »
« Les intellectuels me
reprochent de ne pas faire dans la dentelle, mais tu vois, je fais de la
littérature et la dentelle je la porte »
« Aucun mot ne pouvait
vraiment dire la tristesse de mon enfance et la sienne. Le langage était un
code trop articulé pour dépeindre nos saccages respectifs. »
« Assembler des éléments
avec soin, sirop, jus, liqueur, citron, ombrelle de papier. C’est exactement ça
écrire, au fond »
« Je pensais à la solidité
de la poésie et à la vie qui doit continuer même si on a oublié pourquoi. »
« Ce qu’ils appelaient
violence c’étaient simplement ce qu’ils ne reconnaissaient pas. »
« Pour une fois ma vie en
petit ressemblait exactement à ce qu’est
la vie en grand – une banquette où s’asseoir et contempler en silence quelque
chose d’incompréhensible sur lequel nous n’avons aucune autre emprise que le
regard. »
« Comme si c’était OK de
se faire violer par un inconnu et que la seule chose inacceptable soit de
donner son cul à quelqu’un par amour. »
« Mais si jamais on te
demande une autre fois qui est mon écrivain préféré dis-leur que c’est moi.
- C’est la vérité ?
- Pas
vraiment. C’est toi en fait. Mais c’est exactement pareil. »
« ce qui est fou au fond,
c’est que statistiquement, plus des pompes sont aberrantes, plus t’as de
chances qu’il y ait écrit « fashion » dessus. »
« Les textes ébauchés, les
textes qui ne nous avaient pas encore fait de mal mais qui pouvait d’un moment
à un autre transformer notre existence en enfer si nous ne trouvions pas les
mots. »
« Nous étions arrivés à
une intimité qui supportait le silence. »
« J’ai appris ça en vieillissant,
Lou, […], qu’il n’y a pas de douleurs insupportables, simplement des moyens de
plus en plus terribles et épuisants d’y faire face. »
« Je suis un enfant parce
que c’est le seul mot que je trouve pour dire combien c’est bon d’aimer les
choses les plus infimes et d’en tirer du plaisir sans honte, mais aussi d’être
soucieuse comme les enfants seulement le sont, soucieuse, orageuse, légère. »