lundi 26 octobre 2020

Contre nature (Cathy Galliègue)

 

                                                              

 Contre nature (Cathy Galliègue) 

 

 

 

 

 

 

 
 

 Mon résumé

Branle-bas de combat dans les couloirs de la prison.

L’arrivée d’une mère condamnée pour infanticide ne peut pas laisser les autres détenues indifférentes. L’infanticide c’est le crime suprême, l’impardonnable, l’injustifiable pour les femmes incarcérées.

Comble de tout, la femme est obèse. La prison, Vanessa, 19 ans seulement y mène son monde à la baguette. Pour lui plaire, tout sera fait par les autre détenues pour rendre la vie de Pascale, rebaptisée Culbuto, infernale.

Leïla, elle, elle s’en fiche, bien décidée à ne pas se préoccupée des crimes des autres. A quoi bon ? Elle, ce qui la détruit, c’est que l’on les restreigne à leur crime, qu’aucune des détenues, ne cherchent à s’élever, à reprendre sa dignité.

Leïla, toutes les détenues l’appellent « le Rat » à cause de son travail à la bibliothèque de la prison. Les livres c’est la passion de Leïla. Une passion qu’elle aimerait transmettre. À Pascale pour qu’elle se voit autrement, et à Vanessa, pour l’apaiser et qu’elle arrête de s’en prendre à Pascale…

           

Mon avis :

48h après avoir refermé ce livre je ne sais toujours pas comment rédiger cette chronique. Les mots se bousculent mais aucun ne semble pouvoir convenir. Ce livre est trop « fort ». Je sais qu’il fera parti de ceux qui continuent de rester dans un petit coin de ma tête. Ces femmes resteront dans ma mémoire de lectrice… mais pas que dans cette mémoire. Je sais d'ores et déjà que je penserai à elles à chaque fois qu’il y sera question du procès d’une femme dans les médias… dans les livres et les polars que je lirai…

Même si j’ai adoré ma lecture, ce n’est pourtant pas un livre que j’ai dévoré d’une traite. Alors qu’il ne fait que 270 pages, j’ai mis plusieurs jours à le lire. Pourquoi ?

Parce qu’il s’agit une plongée dans la réalité de ces femmes. Une plongée « douloureuse ».

Mot après mot, phrase après phrase, chacune leur tour, Leïla, Vanessa et Pascale emmènent le lecteur sur les traces de leur passé, au plus profond de leurs pensées. Elles ont beau dire qu’elles ne sont pas douées avec les mots, je peux vous jurer le contraire.

Le rythme est parfois chaotique mais comme une pensée que l’on déroule, qui passe d’une idée à une autre, puis à une troisième pour revenir à la première sans prévenir. Par des phrases tantôt hésitantes, tantôt fluides, elles vous montrent comment elles en sont arrivées là ; comment le crime, à un moment est devenu la seule chose possible, pour qu’elles puissent continuer à vivre, à exister, à être tout simplement, un peu comme un « moyen de survie »

Et chemin faisant, vous voyez bien que, au final, ce crime n’est « qu’un élément » de leur parcours. Non qu’il soit excusable, mais il est tout simplement. Il est et il fait partie d’elles sans que l’on puisse les résumer à ce crime. C’est une donnée de leur vie, et non une variable. Une claque pour le lecteur…

Elles ont beau être dures, ces femmes, avoir commis l’irréparable, on s’attache à elles.

Elles ne sont pas les « hors-norme » qu’on pourrait croire. En fait c’est les rencontres qu’elles ont faites, ou les conditions dans lesquelles elles ont été élevées, qui ont conduit, à ces crimes. Ce n’est n’était pas « dans leur nature » de tuer. Elles ne sont pas contre nature.

 

Que dire d’autre ? J’ai aimé aussi la façon dont la lecture d’un livre, puis l’écriture va changer leur regard, va les amener à voir autrement leur avenir, à se considérer autrement.

J’ai aimé lire comment l’écriture va les pousser, petit à petit à s’accepter telles qu’elles sont, au moment de la vie où elles sont. En commençant à écrire sur leur vie, elles revisitent leur passé. Elles sont amenées à l’examiner avec un autre regard, à poser des mots sur leurs actes et ce qui a précédé. Et poser des mots ça permet de mettre à distance, de prendre de la hauteur. Ça autorise à voir le réel des choses aussi. Par le biais des mots couchés sur un cahier, elles acceptent d’être plus qu’un gros corps pour l’un, plus qu’une femme soumise pour une autre ou plus qu’une jeune fille violée pour la troisième. Elles vont commencer à se voir autrement, à poser un regard plus positif sur ce qu’elles ont fait et ce qu’elles sont. Une forme de résilience.
Et cette résilience va leur permettre d’envisager la suite, « l’après ». Vivre non pas une nouvelle vie, mais une autre vie. Une vie qui intégrera le crime et la prison. Une vie qui intégrera peut-être aussi mieux, ou d’une autre façon, leur entourage.

 

Je remercie Cathy Galliègue et son éditeur pour cet envoi ! Merci pour ces 3 femmes qui bousculent !!!