samedi 23 janvier 2021

Certains cœurs lâchent pour trois fois rien ( Gilles Paris)

Certains coeurs lâchent pour trois fois rien  


  • Certains cœurs lâchent pour trois fois rien
  • Éditeur : Flammarion (27 janvier 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 220 pages
  • ISBN-10 : 2081500949
  • ISBN-13 : 978-2081500945


Mon résumé :

« Certains cœurs lâchent pour trois fois rien » lui a dit un jour un médecin. Heureusement pour les lecteurs et ses proches, celui de Gilles Paris a résisté : aux dépressions, aux douleurs physiques ou psychiques, aux excès et aux carences.

Et restent les mots, les « leçons » tirées des épreuves, les nouvelles fondations posées pour se reconstruire.

Reste la nouvelle route vers l’avenir.

 

Mon avis :

Je n’ai pas l’habitude de faire des recherches sur les auteurs que je lis, même s’ils me touchent. Comme si j’avais besoin de mettre de la distance entre les mots qu’ils écrivent et leur personnalité. Je ne suis pas « fan » des textes autobiographiques, des gens qui se racontent (peut être par peur de ceux qui « se la racontent » comme on dit).

Etrangement quand Mr Paris m’a proposé son livre en service de presse, j’ai dit oui sans avoir besoin de réfléchir. Est-ce parce que le sujet de la dépression me touche personnellement ? Est-ce parce que, via les réseaux sociaux, j’ai appris à découvrir ses textes plus « personnels » pendant le confinement ?

Quoi qu’il en soit, c’est avec beaucoup d’émotions que j’ai entamé et dévoré ce livre.

Si j’ai été marquée par les personnages de Gilles Paris (en principe ses livres terminent avec plein de post-it de toutes les couleurs), je suis dorénavant marquée par l’auteur lui-même.

J’ai senti et été touchée par la sincérité et l’honnêteté qui émanent de ce livre. Aucun « auto-apitoiement », aucun « c’est pas ma faute », aucun « c’est la faute à/de … ».

Une écriture sobre, sans emphase.

J’ai aimé le rythme, la construction de ce texte.

J’ai aimé les allers -retours entre le passé et le présent, entre les avants et les après.
J’ai aimé les phrases qui reviennent comme un refrain, comme éviter pour que le lecteur n’oublie.

Qu’il n’oublie que oui « certains cœurs lâchent pour trois fois rien » mais pas tous.

Qu’il n’oublie que le goût de vivre est une chose bien fragile.

Qu’il comprenne qu’il n’y a jamais une seule cause à la dépression. Qu’elle surgit souvent, comme de nulle part, vous mettant à terre, avec l’impression que tout d’un coup vous n’appartenez plus à la communauté des hommes.  

Qu’il comprenne qu’aucune dépression de se ressemble.  Que celle de X n’est pas la même que celle de Y. Que celle de X à 20 ans n’est pas celle de X à 21 ans.

Qu’aucune dépression n’a la même origine, n’emprunte les mêmes méandres.

Que le seul point commun, c’est qu’elle surgit, qu’elle vous met à mal, vous fait douter de tout et avant tout de vous-même. Qu’elle vous fait éprouver la vulnérabilité de la vie, des relations avec les autres.

 

Merci Mr Paris pour votre sincérité. Merci pour vos mots. Merci pour votre dédicace !

vendredi 8 janvier 2021

Nickel Boys (Colson Whitehead)

 Nickel Boys

  • Nickel Boys (Colson Whitehead)
  • Éditeur : Albin Michel (19 août 2020)
  • Langue : : Français
  • Broché : 272 pages
  • ISBN-10 : 2226443037
  • ISBN-13 : 978-2226443038


Mon résumé :

Dans les années 60 il n’est pas simple d’avoir la peau noire quand on vit en Floride. Si Elwood Curtis le savait, les propos de Martin Luther King lui laissait penser/croire que les choses pouvaient changer rapidement. Mais voilà, le jour où il doit faire sa rentrée à l’Université, il est victime d’une erreur judiciaire. Mineur, il est envoyé dans une maison de redressement visant à éduquer et réinsérer des jeunes considérés comme délinquants. Mais à Nickel Academy, alors que l’enseignement scolaire est réduit à peau de chagrin et d’un niveau très bas, les sévices corporels sont eux quotidiens et extrêmement poussés.
Elwood déchante rapidement quant à sa possibilité d’y échapper… Son amitié avec un autre jeune garçon, Turner, l’aidera-t-il à traverser cette épreuve et à « s’en sortir » ?

 

Mon avis :

J’avais un peu peur d’entamer ce livre, comme à chaque fois avec les livres qui ont reçu un prix ou qui ont les faveurs du grand public. Mais les thèmes qu’il semblait important m’intéressant je me suis lancée. Et bien m’en a pris car encore une fois mon appréhension n’était pas justifiée.

Je trouve que ce livre mérite amplement son prix et même qu’il devrait être étudié (tout ou partie) dans les programmes scolaires.

Car finalement il aborde des thèmes qui sont encore d’actualité.

D’un point de vue personnel j’ai été « saisie ». Bien sûr je savais qu’il y avait eu la ségrégation aux Etats-Unis, mais je ne sais pas pourquoi cela me semblait plus éloigné dans le temps par rapport à nous. Dire que le célèbre « I have dream » remonte à seulement 58 ans…

 Ce que je savais beaucoup moins c’est que les maisons de redressement étaient légions il y a encore peu dans la première économie du monde. Et quelles maisons de redressement ! le mot est bien « faible » pour décrire ce qui y avait cours. Malgré les années qui passent c’est toujours un choc pour moi de lire des récits de sévices corporels. J’ai énormément de mal à supporter les récits où des humains (et encore plus des ados) sont violentés de cette façon. J’ai beau lire des polars parfois « hard », lire des descriptions de violence qui ont pu avoir lieu dans la réalité me glace toujours autant. Les déferlements de haine gratuite me sont toujours autant incompréhensibles.

J’ai aimé les allers retours entre le présent et le passé d’Elwood, la description de son enfance, de sa candeur.  La force de l’écriture de Colson Whitehead, dans ce roman, est qu’à aucun moment il ne sombre dans le bon sentiment et le mélo.

L’auteur ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières comme on dit, ou à apitoyer le lecteur. Non, mais le lecteur ne peut rester indifférent, sans réaction. Il ne peut que se prendre les faits en pleine figure.

La première phrase du livre le met tout de suite dans l’ambiance : « Même morts, les garçons étaient un problème. »
La fin aussi a été un choc pour la lectrice je suis. Je ne l’avais pas vue venir !

Un livre à lire !!!