dimanche 29 novembre 2015

Atelier 198



© Kot
 Merci à  et  Kot ....




«  La lumière ? Éteinte. Le four ? Éteint. La porte ? Fermée et même fermée à double tour.
Bon c’est parti alors. Une nouvelle journée commence. »

Comme tous les matins elle refaisait mentalement les gestes machinales qu’elle avait accomplis avant de partir.
Comme tous les matins elle avait tout éteint, plongeant son appartement dans le noir.
Comme tous les matins elle avait fermé à clé la porte de l’appartement.
Comme tous les matins, elle avait descendu les escaliers, fermé la porte d’entrée de l’immeuble.
Comme tous les matins elle avait franchi les quelques mètres qui la séparait de la bouche de métro.
Comme tous les matins elle s’était engouffrée dans les couloirs obscurs, et bondés du métro.
Comme tous les matins elle était montée, ou plutôt s’était affalée sur le siège  de la rame.
Comme tous les matins.
Elle avait beau râler, dire que ça puait, qu’il y avait trop de monde, trop de bruit, trop de grèves… trop de ci et pas assez de ça, elle n’aurait pour rien au monde, choisi un autre moyen de transport.
Elle avait besoin de ce moment hors de temps,  de ce sas entre son chez elle et son boulot.
Cet espace temps lui était nécessaire, presque aussi vitale que de l’oxygène.  Elle avait besoin de ce moment hors du temps, pour se mettre en condition. La musique, dans ses oreilles, lavait son cerveau des cauchemars de la nuit. Même si certains résistaient, même si elle savait qu’ils resteraient en filigrane  dans son cerveau, qu’ils rejailliraient à chaque temps mort de la journée, le voyage en métro les mettait à distance.
Elle utilisait ces minutes souterraines, pour tenter de les mettre à distance.
20 minutes pour observer les autres être humains, pour se demander qui ils étaient, où ils allaient.
20 minutes pour devenir ce qu’elle allait montrer aux autres. Contrairement à la majorité des filles qu’elle croisait, son maquillage ne venait pas d’une palette de couleurs.
Pour elle, se maquiller, c’était mettre quelques étoiles dans ses yeux, accrocher un sourire sur son visage. C’était se répéter  comme un mantra «  je vais faire semblant de… ils ne doivent pas s’apercevoir, ils ne doivent pas savoir qui je suis. »
Surtout ne pas montrer ses failles. De toute façon, elle n’avait pas le droit. Elle n’avait pas le droit de se plaindre, de dire ses doutes et ses peurs. Montrer qui elle était, au fond d’elle-même, c’était se mettre en danger, leur laisser l’opportunité d’avoir de l’emprise sur elle. S’ils savaient… ils lui diraient qu’elle n’avait pas le droit de se plaindre, qu’elle avait tout pour être heureuse. S’ils savaient….
Mais ils ne pourraient jamais savoir. Elle ne craquerait pas. Elle allait se contenir, faire semblant, une journée de plus. Elle devait tenir, encore une journée.
Et demain ? Demain aussi, elle ferait semblant. Après demain ? Elle jouerait la même comédie, le même rôle.
Et ainsi de suite jours après jour, mois après mois…. 
Parfois, une petite voix murmurait en elle  « jusqu’à quand vas-tu tenir ? »
Elle ne savait pas alors elle la faisait taire. Elle ne devait pas se poser cette question. Juste vivre au jour le jour, moment après moment, s’immerger dans le quotidien. Comme dans un film, entre le moment où elle se levait et celui où son cerveau plongeait dans le sommeil, elle enchaînait les plans séquences…
Se lever, petit déjeuner, aller travailler, revenir du travail, travailler, manger, dormir. Surtout ne pas se poser de question, surtout ne pas penser….  Pour ne pas tomber, pour ne pas craquer, pour ne pas voir le vide, la faille en elle….

dimanche 22 novembre 2015

Atelier d'écriture 197



 http://www.bricabook.fr/wp-content/uploads/2015/11/paris-lumieres.jpg
 Merci à Bricabook et merci à Julien Ribot.




 Vendredi soir sur terre,

"C’était un vendredi soir. C’était à Paris.
Les quais de Seine étaient éclairés. Les touristes marchaient sur les trottoirs.
Un peu l’extérieur des cercles de lumières des lampadaires, les amoureux s’étreignaient.
Combien de premiers baisers échangés à ce moment-là ?
Combien y avaient-ils de mains en train en s’effleurer ?
Combien de cœurs en train de battre la chamade ?
Combien de rire d’amis en train de se retrouver ?
Combien de « enfin le weekend ! » prononcés, pensés ou même criés ?

C’était un vendredi soir sur terre, rien que de plus banal. C’était à Paris.
Le matin tous s’étaient levés en se disant « vivement ce soir ».
Les têtes fourmillaient de projets pour les deux jours «  off » à venir. Les yeux pétillaient déjà des retrouvailles avec les personnes aimées.
Les listes de titres de films à voir au cinéma étaient déjà prêtes, les horaires téléchargés.
Les billets d’entrée aux concerts déjà dans les portefeuilles.

C’était un vendredi soir sur terre, rien que de plus banal. C’était à Paris
Les lampadaires étaient déjà allumés, les rendez-vous étaient déjà fixés.
Dans les chambres d’enfants, les bains étaient déjà pris, les pyjamas enfilés.
Le marchand de sable était passé. La distribution de rêves avait déjà commencé.
C’était un vendredi soir sur terre, rien que de plus banal. C’était à Paris.
Des silhouettes affairées avançaient rapidement sur les bords de la Seine. Travailleurs, touristes, amoureux, étudiants, tous allaient quelque part.
Le fleuve reflétait déjà les phares des voitures, les lumières des lampadaires.
C’était un vendredi soir sur terre… 

Et puis tout a basculé….




Murs (Jacques Vazeille)



Détails sur le produit


  • Murs (Jacques Vazeille)
  • Broché: 152 pages
  • Editeur : Baudelaire (30 mai 2015)
  • Collection : BAU.BAUDELAIRE
  • Langue : Français
  • ISBN-13: 979-1020306524


COUP DE CŒUR!!!!!!!!!!!!!!!!


Mon résumé :
Un mur ça peut séparer mais aussi réunir. Un mur ça peut protéger mais ça peut aussi s’abattre.
Des murs il y en a vraiment de toutes les sortes. Il y a des murs en briques, des murs en carton, des murs invisibles que l’on a en soi…
Pour Mine, 12 ans, le mur il est entre sa maison et le Château. Sa maison elle y vit avec sa mère et sa petite sœur avec la menace que fait planer la Mère DDASS (merdasse pour les intimes) de l’envoyer en foyer. Le mur la sépare des résidents du Château qui sont des adultes handicapés.
Pour Samson, il y a plusieurs murs. Il y a celui que «  le vieux Monsieur » lui a construit dans la chambre qu’il doit bientôt occuper au Château. Ce mur-là il est fait de boites de cartons. Il est facile de l’abattre et de le reconstruire aussi. Son autre mur, à Samson il est dans sa tête. Car Samson, même s’il ne sait pas trop bien ce que cela signifie, est autiste. Alors il y a entre lui et le monde un mur d’incompréhension, ou peut être plutôt de mécompréhension….
Mais qu’ils soient de briques ou de cartons, visibles ou invisibles, les murs de cette histoire ne résisteront pas longtemps.

Mon avis :
En ces moments difficiles, ce livre est comme une bulle d’oxygène. Sa lecture m’a emporté sur une autre planète, une planète où l’amitié rend tout possible. Une planète où l’autre n’est pas vu comme un adversaire, mais comme celui qui permet de se libérer de soi-même, comme celui qui permet d’accéder à l’essentiel.
Comment ne pas craquer devant Samson, qui lit le dictionnaire pour tenter de comprendre le monde qui l’entoure.  
Qu’il m’a été doux de lire les échanges entre Mine et Samson. J’ai été touchée par la naissance de leur amitié, par leurs façons de s’apprivoiser, de se respecter l’un et l’autre. J’ai souri à la lecture de leur réflexion, à la fois candides et si vraies.
C’est un formidable message que nous délivre l’auteur. Il nous montre que « porteur de handicap » ou normal, nous gagnons tous à échanger les uns avec les autres, à nous ouvrir aux autres.


Citations :
«  C’est marrant ce mot : décédé. Il n’a pas l’air d’un vrai mot. On dirait qu’il a été inventé de toutes pièces pour parler d’autre chose. L’année prochaine j’écrirai : DCD…Sur, jamais j’écrirai : mort. Ils me poseraient plein de questions et je ne saurai pas quoi répondre. »

«  C’est quoi, être autiste ? » […] «  Nous te l’avons déjà dit cent fois, l’autisme est un trouble qui empêche d’être autonome dans la vie, d’avoir des relations simples avec les autres. D’une certaine façon, c’est ton problème. Pourquoi poses-tu toujours la même question ? Nous te faisons chaque fois la même  réponse. » En réalité ce n’est pas toujours la même réponse, mais ça ressemble. »

«  Il dit plus de chose sur le mur. Je tourne les pages sans rien lire. Aucun mot de retient mon regard. Tout est collé. Tout est figé. Je suis enfermé dans le vide. »
«  Je deviens fou et je vais bientôt quitter l’hôpital psychiatrique. »

«  Avec les années qui s’entassent mes rêves s’effilochent. Et mon envie de ne pas mourir s’étiole. »

«  Ce n’est pas mieux que les histoires de ma mère. «  Ton père ? Il est mort. » Et puis rien. Je suis née en somme dans un cimetière d’illusions perdues. Je devais avoir une sacrée envie d’exister. »

«  Samson me l’a dit. Lui aussi, certaines fois il casse tout autour de lui. Peut être que dans ces moments-là, il n’arrive pas à tenir collés ensemble les morceaux de son histoire, les morceaux de sa vie. »

« - Qu’est ce que c’est, imaginer ? Est-ce que c’est comme regarder les images d’un livre ?
- Si tu veux, mais c’est un livre qui n’existe que dans ta tête, qui n’appartient qu’à toi.
- Même si un docteur te regarde, il ne peut pas savoir ce que tu imagines ? Dans ma tête, il y a les livres que j’ai lus, avec des images aussi. »

«  Ce Samson a fait irruption dans ma vie et il prend toute la place. C’est peut être parce qu’il regarde les choses d’une façon spéciale qu’il se tient de travers. Avec lui, tout ce qui est bizarre devient normal. »

«  J’avais affaire à quelqu’un de tellement inhabituel. Et en même temps tellement simple,… Je cherche le bon mot, et je n’ai que «  absent » et «  disponible » dans ma tête. En fait tu étais simplement absent et disponible à la fois ça ? Ça, je ne saurai jamais le faire. »

«  J’ai compris que tu ne regardes pas le monde avec les mêmes yeux que moi, et pas du tout du même endroit. Mais nous regardons tous les deux le même monde. Et ce que tu dis, ce que tu vous, c’est très important si je veux comprendre le monde. »

«  De toute façon, on ne peut avoir complètement que des choses. Les personnes, on ne les a jamais vraiment. On a des histoires avec les personnes. La seule personne qui est à moi complètement, c’est moi. »

«  Moi aussi j’aime bien parler avec toi. Tout ce que tu dis est limpide. Tu ne sais pas te cacher derrière les mots. »

jeudi 19 novembre 2015

Le grand livre des peut-être, des si et des pourquoi ( Ghislaine Roman)



Couverture de « Le Grand Livre des peut-être, des si et des pourquoi »

  •  Le grand livre des peut-être, des si et des pourquoi ( Ghislaine Roman)
  • Album: 72 pages
  • Editeur : Editions Milan (14 octobre 2015)
  • Collection : MIL.ALB.4/7 ANS
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2745968572
  • ISBN-13: 978-2745968579




Ce livre est arrivé vendredi soir dans ma boite… rentrée trop tard pour pouvoir le lire dans les bonnes conditions, je m’étais dit que je le dégusterai le lendemain matin… Mais le lendemain… je n’avais pas le cœur à la lecture. J’espère que Mme Roman, qui me l’a si gentiment envoyé et dédicacé me pardonnera mon délai de lecture.

Des « pourquoi », des « si » et des »peut-être »il y en a eu sur toutes les lèvres, dans tous les cœurs ces derniers jours….
Ceux-là sont différents, beaucoup plus poétiques, et si essentiels. Pour les enfants ils paraitront naturels, pour nous, adultes, ils redonneront vie, l’espace d’un temps, à nos âmes d’enfants. Les enfants, ils savent s’émerveiller de tout, ils savent imaginer des solutions à tout, ils savent s’interroger sur l’essentiel. Cette capacité d’inventer un monde nouveau il faut qu’on leur la laisse, qu’on la développe, parce qu’elle rend tout possible, et parce que ce sont ces enfants qui feront le monde de demain.

Car oui, il est très important de s’interroger, sur la raison pour laquelle la nuit est noire, sur le pourquoi de la crinière des lions. Et puis pourquoi ne pas rêver à des icebergs en sorbets (rendant plus gouteuse la fonte des glaces !!!)…

Merci Mme Roman pour ces interrogations, ces hypothèses qui plairont aux plus petits… et aux plus grands !
Merci pour ces illustrations pleines de douceurs et d’humour à Mr Shamp…
Un livre à lire et à relire et peut être à poursuivre avec vos loustics ! !!!

Nota bene :
Ce livre m’a fait penser à une de mes pitchounes de 4 ans. Il y a dans ma classe une petite fille  (D) qui souffre de mutisme scolaire (elle n’émet pas un son (même rire, elle le fait en silence) dès le moment où elle rentre dans l’école). L’autre jour, on en parlait avec les enfants, et une petite fille nous dit «  Peut-être que si elle atchoumait, D , après elle pourrait parler … »

mercredi 18 novembre 2015

La faille (Isabelle Sorente)


La faille



  •  La faille (Isabelle Sorente)
  • Broché: 520 pages
  • Editeur : JC Lattès; Édition : LATTES (2 septembre 2015)
  • Collection : Littérature française
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2709648571
  • ISBN-13: 978-2709648578



Mon résumé :

Au 4ème étage de l’aile A d’un immeuble du 16ème arrondissement parisien habite Lucie Scalbert .La jolie blonde aux yeux bleus vit seule avec sa mère depuis le décès subite de son père.
Au 1er étage de l’aile B du même immeuble résident Mina Scaro et sa mère. Le père de l’adolescente de 16 ans, surdouée, est parti quelques années avant vivre aux États-Unis avec une autre femme. 
Ce sont les difficultés en math et en français de Lucie qui amènent les deux jeunes filles à se rencontrer. De 4 ans son aînée, Mina va donner, sur la demande de sa mère, des cours à Lucie.
Rapidement, une amitié indéfectible va lier Mina et Lucie. Une amitié ponctuée de périodes de silence.
Au cours d’une de ces périodes de silence, Lucie va rencontrer Vincent Dominique Arnaud (VDA pour beaucoup). Engagée pour travailler dans son entreprise de coaching personnel, elle va peu à peu se laisser séduire, l’épouser… pour le pire. En apparence «  bien sous tout rapport » l’homme est en effet un manipulateur patenté.

Mon avis :
C’est un livre très exigeant qu’a écrit Mme Sorente. Une exigence sans lien avec le nombre de pages, mais plutôt liée à l’écriture et aux choix de l’auteur.
Elle a pris le partie de ne pas lâcher son lecteur dans la faille en un claquement de doigts. Elle le laisse descendre dedans, petit à petit. Phrase après phrase, peu à peu elle nous révèle les fissures qui existent dans chacun de ses personnages. Ce sont ces fragilités qui vont rendre possible la faille qui va éloigner les personnages les uns des autres et les mener jusqu’au drame….
On découvre, on comprend ces fragilités par des allers- retours entre le passé et le présent des personnages, car c’est seulement en examinant le passé à la lumière du présent et vice versa que l’on peut comprendre d’où vient cette faille. Une faille entre les personnages, mais aussi une faille dans les personnages, qui les éloignent ou les rapproche les uns des autres selon le moment de leur vie.  
C’est un peu comme un pare-brise de voiture qui aurait un éclat …un éclat qui se fissurerait peu à peu.
Ce livre est un « page turner » mais qui se découvre à petites doses tant l’écriture est intense. Aucun méchant, aucun gentil mais des personnages très forts, intenses, fruits de leurs éducations, de leur histoire.
Sans doute trouver vous mon avis peu clair, mais c’est parce qu’il est dur de parler de ce livre. Il faut le lire, se plonger dans chaque personnage, dans son esprit, pour comprendre qu’il touche aussi profondément le lecteur. Il m’a été impossible de rester en retrait, de survoler. Je me suis vu prise dans le filet, dans la faille…
Je remercie Mr SCHRAMECK THOMAS   du site Myboox, qui m’a fait gagner ce livre, qui est vraiment un coup au cœur !!!!!!!!!!A lire !

Quelques citations pour vous faire comprendre  ce que je n’ai pas réussi à exprimer :

«  La vérité qui sort de la bouche des enfants est une chose, celle qui se fraie un chemin à travers les années en est une autre, elle découpe des ombres denses comme la matière, prêtes à se déchirer, c’est à la noirceur de ses contours qu’on la reconnaît toujours trop tard. »

«  Je trouvais étonnant que les gens laissent des mots avant de se suicider, et que personne ne donne jamais d’explication au fait de rester en vie. »

«  Comme si elle voyait le défaut caché de mon esprit, que je cachais avec d’autant plus de soin que je ne faisais qu’en deviner la présence opaque, sans pour autant arriver à le définir. »

«  Si je prends cette plume-là, aujourd’hui, et pas une autre, c’est pour dire ce que j’ai à dire, j’ai besoin d’une plume trempée dans le poison du mal et du bien, j’ai besoin d’une encre sympathique et sans pitié. »

«  J’ai compris tout d’un coup ce que voulait dire l’envie, que les romans appellent jalousie parce que le mot est plus flatteur, avec ses trois syllabes qui font passer pour une maladie d’amour, l’envie fait si honte qu’elle ne se dit pas… »

«  La jalousie, c’est quand tu veux ce que l’autre a, l’envie, c’est quand tu voudrais que l’autre n’est jamais existé. »

«  Rien n’avait changé depuis qu’on était gosses, on se comprenait sans rien dire, nos difformités étaient compatibles. »

«  Était-ce possible d’arracher ce qu’on ne veut plus de soi, de forcer la mue, de l’abandonner sur la route, ne risque-t-on pas d’être rattrapé par la peau arrachée qui vous court derrière parce qu’elle n’est pas tout à fait morte ? »

«  J’ai fait ça pour que ma mère m’aime, dit-elle, quand j’ai compris qu’il n’y avait rien à espérer, tu n’imagines pas comme je me suis sentie libre ».
«  Parce que je suis de moins en moins moi-même […] je me vide de moi-même. »

«  Les voix de VD vous emmènent toutes quelque part. Il arrive aussi qu’elles vous y précipitent. Toutes cachent quelque chose. […] Et puis il y a sa voix de jour. […]Sereine, rassurante, intelligente, la voix diurne de VD cumule les adjectifs en sa faveur. […] A quoi tient la réussite d’un homme ? A sa voix de jour. »

«  VDA  a reconnu la faille de Lucie comme un prédateur reconnaît l’odeur du sang, sauf qu’au lieu de l’aider, il a tout fait pour la couper en deux. »

«  Comment il se sent ? Comme quelqu’un qui jettent des pelletés des terre et se rend compte que c’est lui-même qu’il est en train d’enterrer. »

«  VD avait le don  de révéler le mal que vous pensiez de vous, le mal que vous ne saviez même pas que vous pensiez, le moindre doute, la moindre ombre, tout ça devenait réel, en même temps. »

dimanche 15 novembre 2015

Loin de Léo ( Andrea Maturana et Francisco Javier Olea)



Loin de Léo

  •  Loin de Léo ( Andrea Maturana et Francisco Javier Olea)
  • Editeur : Talents Hauts Editions (10 septembre 2015)
  • Collection : HORS COLL
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2362661350
  • ISBN-13: 978-2362661358




Mon résumé :
Il y a Léo et il y a Emma, deux enfants  liés par une amitié très forte….
Mais pour Emma tout s’écroule le jour où Léo doit partir, «  pour le travail de son papa ».
D’un coup, le monde devient sombre, sans intérêt…
Que faire quand le manque est si fort ?

Mon avis
Voici un magnifique livre sur l’amitié et sur le manque de l’autre. Il détaille les conséquences de l’absence dans le quotidien (à certains moments l’absence semble plus forte) : les jeux  l’école. Il met des mots sur la difficulté à aller de l’avant, à faire de la place aux autres….
Mais ce livre n’est pas triste. Il est au contraire plein d’optimisme. Il montre que le temps passe, et adoucit la peine (sans l’effacer). Et surtout il est réaliste, car il aborde aussi le sujet du retour de l’autre, de la peur que l’on peut avoir de ne plus avoir de place de l’autre, dans la «  nouvelle vie ».
C’est vraiment un beau message d’amitié que transmet ce livre. Un beau message d’optimisme :il ne faut pas nier la douleur, le manque de l’autre,  mais le temps passe peu à peu et met du baume sur la blessure.

Citations :
«  Le pire c’est que le temps passe très lentement et que le vide suit Emma partout. C’est ennuyeux. On ne peut pas jouer avec un vide et il empêche les autres enfants de s’approcher.»
«  Il y a des endroits que le temps n’atteint pas »
Un message servit par des illustrations tendres, dynamiques mais pas mièvres !!! 

Un vrai coup de cœur !!!
Merci aux éditions talents hauts et à Gabriel Lucas pour cet envoi !!!!!!!!!!!!!

samedi 14 novembre 2015

résistance : atelier 196



© Vincent Héquet
 merci à Bricabook et Vincent Héquet

"J’ai longtemps hésité avant de pointer le bout de mon nez.
Avais-je le droit, moi qui symbolise la vie, le renouveau, le futur, de pousser ici ? Avais-je le droit le grandir dans ces lieux où la barbarie humaine a sévit ?
N’était-ce pas faire injure à ceux qui sont tombés que de croître ici ?
Et puis, je me suis dit que non. Pousser sera mon acte de résistance. Laisser cette terre stérile, ce serait marquer l’oubli, trahir les vies fauchées !
Alors oui le temps a passé. Oui, les lieux ont été détruits, mais les disparus n’ont pas disparu. Ils sont encore dans nos cœurs, dans nos mémoires… à jamais.
Les oublier ce serait dire qu’ils sont morts pour rien.
Alors comme un pied de nez aux tueurs, j’ai décidé de pousser. Comme un enfant qui tire la langue pour narguer son copain, comme pour dire «  tu ne m’auras pas »… j’ai décidé de résister. Je vais pousser, grandir, devenir un arbre.
Je vais me parer de branches, une pour chaque mort.
En souvenir d’eux et pour ne pas oublier, pour que ça ne se reproduise plus !"

mercredi 4 novembre 2015

Le livre sans images (B.J.Novak)

  • Le livre sans images (B.J.Novak)
  • Texte : B.J Novak
  •  Âge : 7 à 10 ans 
  • Collection : Mouche 12,50 € 
  • (EAN13 : 9782211225915)
  • Première édition à l'école des loisirs : 2015






Mon résumé :
Si vous avez l’habitude de lire des albums à vos enfants/élèves, sans vous impliquer, sans prêter attention aux mots que vous lisez… je vous déconseille celui-ci….
D’abord parce que ce livre n’a pas d’image… impossible de laisser l’imagination de vos enfants/ élèves se débrouiller avec les illustrations.
Ensuite parce que vos yeux vont devoir s’adapter aux diverses polices de caractères, aux diverses tailles de caractères…
Enfin,  et surtout, parce que ce livre est un album qui ordonne et qui … prend un malin plaisir à ridiculiser son lecteur (pas celui qui écoute, celui qui lit !!!!!)

Mon avis :
Je me suis vraiment bien amusée à lire ce livre, à découvrir chaque page tour à tour !
J’ai apprécié les jeux sur écriture, les variations de taille d’écriture selon que l’on lise «  l’histoire » ou ce que doit être en train de penser le lecteur.
 Ce livre est vraiment une mine pour les enseignants qui voudraient travailler sur «  la petite voix dans la tête de celui qui lit » !!! Et je trouve que c’est un livre qui peut donner envie de lire à tous !!
Dommage qu’il soit un peu trop complexe pour mes loulous !!
Merci aux éditions de l’école des loisirs pour cet envoi !!!!!

La bouche ouverte (Shmuel T.Meyer)




  • La bouche ouverte (Shmuel T.Meyer) 
  •  ISBN : 979-10-90175-39-6 
  • Format : 12,5 x 19 cm
  • Pagination : 184 p.
  • Prix : 16,90 €


Résumé : (je reprends le résumé de l’éditeur)
Théo aime Caroline, Gabriel aime tante Ingrid, Ingrid aime l’amour et Fanny la vie.
Un siècle, deux générations, trois familles aux destins mêlés ; l’une juive, les deux autres pas. La ville de Genève, son lac, sa nostalgie, et la gourmandise, beaucoup de gourmandise entre les pages.
À chaque chapitre, un aliment typique évocateur de souvenirs ou d’aspirations : tapioca, longeole, gratin de cardons…


Mon avis :
C’est un livre un peu atypique que  Mr Meyer m’a spontanément envoyé. L’envoi et la petite dédicace personnalisée au début m’ont beaucoup touché.

Je ne parlerai pas de nouvelles, puisque les personnages qui prennent tour à tour la parole se connaissent. Ils appartiennent à trois familles différentes.
J’ai eu l’impression de feuilleter un album photo. Un album avec des photos en noir et blanc. Un album dont les photos s’animeraient tour à tour. Des photos dont les sujets prendraient tour à tour la parole pour raconter ce qu’il s’y passe. J’ai presque «  entendu » parler les narrateurs. Tous les sens du lecteur sont sollicités : par l’évocation de l’odeur de l’herbe, par l’évocation d’un plat qui est préparé ou dégusté… On peut parfois presque sentir l’odeur des plats préparés…
J’ai eu un coup de cœur pour le chapitre intitulé «  tarte aux pruneaux » que j’ai trouvé plein d’humour !
Le cadre temporel est chahuté par des allers/retours entre le passé et le présent.
C’est une expérience de lecture un peu nouvelle pour moi mais que j’ai appréciée…
C’est un livre qui se déguste d’une traite sous peine de passer à côté de l’essentiel…

Citations :
 « Après son deuxième séjour là-bas, le «  là-bas » était devenu son «  ici ».

«  Judicieusement toutes ces gouttes de pluie enveloppent les parapluies, qui séparent de leur diamètre les endeuillés. »

« Je pleurais sans que le reste de mon corps ne marque de solidarité avec cet aveux d’émotion, comme si mes yeux étaient indépendants du reste de moi-même. Comme s’ils avaient compris de manière autonome quelque chose qui ne m’était pas encore venu à la conscience, avaient décelé, avant le reste de mes viscères et de mon cerveau, la tristesse qui n’allait pas manquer de me submerger, de m’engloutir. »

«  Elle était ma mère sans que j’en fasse l’épouse de mon père, sans que j’en fasse ma génitrice ou celle de ma sœur. » 

«  Elle était tout simplement comme une étoile qui éclairait le ciel de sa beauté sans vraiment faire partie de mon orbite. »

dimanche 1 novembre 2015

récidive .....


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 Merci à Bricabook pour cette proposition de photo et à Romaric Cazaux

 
«  Surtout les ignorer… Faire comme si… comme si je ne voyais pas ce qu’ils font, derrière mon dos… Comme si ça ne me touchais pas… Mais pourquoi ai-je accepté de jouer l’alibi… Pourquoi ai-je accepté sa proposition? «  Dis à ma mère que tu as besoin de moi pour réviser le concours blanc » Je les entends encore ses supplications… « Allez s’iiiiiiiiilllllllllll te plaaaaaaiiiiiiit !!!!!!!Je te le revaudrais au centuple. » Tu parles qu’il me le revaudra… Ça vaut combien de supporter leurs embrassades pendant un après-midi ? Ça faut combien le mal qu’ils font ? Oh ce n’est pas le mensonge… je m’en fiche ça. Je pourrais presque prendre ça comme une vengeance par procuration. Mes parents sont aussi vieux jeu que les leurs, aussi racistes surtout… Mais se doutent-ils, eux les tourtereaux du mal qu’ils me font. Se doute-il, lui, mon meilleur ami, que je voudrais être à sa place ? Que j’en crève de ne pas être celui qui est dans ses bras à elle ? Que mon cœur se tord tellement je voudrais être celui qu’elle câline. Que mes oreilles voudraient être les réceptacles de ses mots d’amour ? Que mes yeux voudraient plonger et nager dans les siens (même s’ils sont noirs et que nager dans une mer noire n’est pas un rêve) ? Se doutent-elle que ma peau est aimantée par la sienne mais que je dois lutter contre cette attraction ? Que mon odorat est chatouillé, titillé par l’odeur de son parfum ?
Mais non, je dois faire semblant. Semblant de me concentrer sur ce cours à la noix. Qu’est ce que j’en ai à faire de la proto-industrialisation ?
C’est l’examen d’entrée au cours Florent que je devrais présenter. Ah ça, je suis meilleur acteur qu’économiste… Faire semblant. C’est un don chez moi, presque une seconde nature... Je suis tellement habitué à ne rien faire.
Ne pas réagir est devenu un leitmotiv pour moi.
Ne pas réagir quand je l’entends lui dire je t’aime …
Ne pas réagir quand nos mains se frôlent par hasard.
Ne pas réagir quand ils vitupèrent contre leurs parents et les secrets qu’ils leurs imposent, contre les moments qu’ils  leurs gâchent.
Se doutent-ils à quel point je leur en veux… Non, en fait c’est plutôt à moi que j’en veux. Je m’en veux de mon immobilisme, de mon incapacité à assumer mes sentiments. Je suis nul de leur en vouloir. Je m’en veux de leur en vouloir de ne rien remarquer… Un véritable cercle vicieux…
Comment en sortir ?

Emplacement réservé (Corine Jamar)



Détails sur le produit

  •  Emplacement réservé (Corine Jamar)
  • Broché: 166 pages
  • Editeur : Le Castor Astral (1 octobre 2015)
  • Collection : Escales des lettres
  • Langue : Français
  • ISBN-13: 979-1027800452




Mon résumé
 Ça  y est, après 8 ans de bataille, Emma a enfin son emplacement réservé devant sa maison. Il faut dire que la petite fille est handicapée et qu’elle a des difficultés à se déplacer.
Malheureusement pour sa mère, la plupart de ceux qui se garent sur cet emplacement ont pour seul handicap celui de la non-envie de se garer plus loin… et/de la bêtise.
La jeune maman est donc obligée de se battre en permanence pour faire respecter ses droits et ceux de sa fille. Un combat qui ne concerne pas seulement la place de parking…..

Mon avis :
Voila un livre plein d’humour, servit par une écriture dynamique et irrésistible, sur un sujet pourtant pas facile : la vie d’une maman d’enfant handicapé.
La maman d’Emma est pleine d’humour, et heureusement car il en faut pour affronter son combat quotidien pour que sa fille puisse être prise en charge comme elle y a droit (orthophoniste, docteur, spécialistes). Une maman qui se bat pour que sa fille ait le droit au bonheur qu’elle mérite. Une maman qui grandit autant que son amour pour sa fille malgré les obstacles… Les mots, les expressions font mouche quand elle analyse le quotidien de sa fille, son quotidien à elle.
Les personnages qui évoluent autour d’Emma et sa maman sont irrésistibles : certains attachants, d’autres carrément énervants !!! Tout le monde en prend pour son grade !
J’ai bien aimé la façon qu’a utilisée l’auteur pour traiter du sujet délicat du handicap d’un enfant : aucun apitoiement, juste de l’humour et de l’amour.
Un livre également émouvant quand on voit la difficulté pour cette maman de communiquer avec sa fille qui refuse les câlins… .
Un livre très très positif, qui, je l’espère, fera réfléchir à deux fois ceux qui se garent sur les emplacements réservés sans avoir le handicap qui va avec……
Merci à Mr Dannemark qui m’a fait envoyer ce livre en service de presse !!


Citations :

«  Peut-elle se rêve-t-elle en train de jouer à cache-cache avec d’autres enfants de son âge »

«  Elle avait fait son marché chez les autistes à qui elle avait pris la colère butée et les peurs soudaines. Chez les enfants caractériels : elle possédait l’incontestable talent de mettre à genoux ses parents »

«  On ne sait jamais avec le destin. Il fait parfois demi-tour pour frapper de nouveau sa victime ».

«  Irène [l’orthophoniste] n’avait aucun sens de l’orientation. […] Comment parvenait-elle à retrouver son chemin dans les méandres du cerveau d’Emma ? »

«  La surface au sol des deux emplacements avait été peinte en bleu électrique. On ne pouvait pas les louper, à moins d’être aveugle, mais que je sache, ces personnes-là ne conduisent pas. »

«  Une fois par an, Emma devait passer un examen. Un examen appelé Imagerie de résonance magnétique. Et chaque année elle était recalée. »

«  Les lésions cérébrales de ma fille ne se retouchaient pas avec Photoshop. »

«  Cette enfant qui ne parle pas, mais qui en dit tant sur nous, nos voisins, nos amis, nos familles, notre monde. »

«  Parce que je n’étais pas prête à me voir heureuse sans ma fille. »

«  Quel courage elle doit avoir cette mère, moi, je ne pourrais jamais. Non, mesdames et messieurs, non, le courage c’est quand on choisit. »

« Elle savait à quel enfant s’attendre, elle pouvait préparer son arrivée. Laurie pouvait se permettre d’aller de l’avant. Moi j’avais du faire marche arrière, cesser de penser, de rêver à l’enfant normal. »

«  Ce que son père avait fait exactement pour lui ou pour sa sœur. Il connaissait quinze langues mais n’avait jamais appris à leur parler. »

«  Comme si les grandes marques [de vêtements] pouvaient effacer celles laissées dans le cerveau de sa petite fille, un mauvais jour de septembre »