samedi 6 février 2016

D’après une histoire vraie (Delphine de Vigan)



 Détails sur le produit

  •  D’après une histoire vraie (Delphine de Vigan)
  • Broché: 484 pages
  • Editeur : JC Lattès (26 août 2015)
  • Collection : Littérature française
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2709648520
  • ISBN-13: 978-2709648523




Mon résumé
Dans cette histoire, il y a la narratrice, Delphine de Vigan et une dénommée L.
La première vient de  terminer une série de dédicaces éprouvantes d’un livre très fort sur sa mère. Un livre qui l’a laissée exsangue ; une tournée où elle a été ballotée entre critiques et applaudissement. Elle reçoit depuis peu des lettres anonymes, la critiquant fortement. C’est donc une femme fragilisée qui rencontre L. lors d’une soirée chez une amie commune.
De L. on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’elle ressemble à la narratrice, et qu’elle gère son emploi du temps à sa guise. Elle écrit des biographies sur demande de personnalités.
Entre les deux femmes, tout commence par de la fascination, et de l’admiration. Mais peu à peu, tandis que Delphine de Vigan s’écroule, devient de moins en moins capable de reprendre la plume/le clavier, L. augmente son emprise sur elle. Elle en vient même à s’installer chez l’auteur, à répondre à sa place à ses mails, à son courrier.
Ce n’est qu’après coup que Mme Vigan va commencer à s’interroger, et comprendre que L. la vampirise, prend de l’ascendant sur elle…. Une domination renduit possible par la dépression l’envahit, et qui la rend vulnérable.


Mon avis :
Voila un livre qui me laisse un peu sur la réserve. En commençant cet article je m’aperçois que j’ai du mal à donner un avis général sur ma lecture.
J’ai apprécié le style de l’auteur. J’ai été un peu énervée par le personnage de l’auteur à qui j’ai eu envie à plusieurs reprises de dire «  mais vire L. de ta vie, elle prend trop de pouvoir…. ». Oui, son manque de réaction m’a irrité, j’ai même poussé un ouf de soulagement quand enfin elle a commencé à comprendre.
J’ai détesté le personnage de L. Une femme trop doucereuse, trop gentille pour être honnête. Sa façon de manipuler Delphine de Vigan est trop grossière, trop évidente...
J’ai poursuivi ma lecture au gré des pages en me demandant à quel moment, Mme De Vigan  allait réagir, prendre les choses en mains… Et je crois que c’est à partir de ce moment-là que j’ai vraiment été intéressée par ma lecture. J’ai aimé voir la «  déconstruction » du personnage de L., comprendre comment elle avait manipulé, les mensonges, arrangements avec la vérité qu’elle avait pu faire.
Je reste néanmoins sur ma faim, car en refermant ce livre une question me reste : pourquoi ? Pourquoi, dans quel but avoir manipulé l’auteur ? Qui était vraiment cette femme ? Et qui est l’auteur des lettres anonymes…. J’en viens, là en écrivant ce texte à avoir envie de relire le livre d’une traite pour voir ce que je n’ai peut être pas vu, pour comprendre ce que je n’ai pas compris lors de ma première lecture.
Au final, et grâce à la réaction de cet article, je me dis que ce n’était pas une mauvaise lecture : elle m’a fait réfléchir, elle m’a intriguée, et j’ai envie de recommencer le livre.
Merci à ma grande sœur pour ce cadeau d’anniversaire !!!!

Citations :
« Un homme abîmé m’avait parlé du trouble mental, du regard des autres sur lui, sur eux, ceux qui faisaient si peur qu’ils étaient tous rangés dans le même sac, bipolaires, schizophrènes, dépressifs, étiquetés comme de poulets sous cellophane. »

« Ainsi m’apparut-il que pour vivre en société, il fallait s’armer de mots, ne pas hésiter à les multiplier, les diversifier, en saisir les plus infimes nuances. »

« Au fil du temps j’ai fini par comprendre […] que la relation à l’autre ne m’intéresse qu’à partir d’un certain degré d’intimité »

« Nous portons tous la trace du regard qui s’est posé sur nous quand nous étions enfant ou adolescent. Nous la portons sur nous, oui, comme une tache que seules certaines personnes peuvent voir. »

«  Le livre avait bouclé la boucle, brisé l’alchimie, mis un terme à l’élan. »

« Je crois que les gens savent que rien de ce que nous écrivons ne nous est tout à fait étranger. Ils savent qu’il y a toujours un fil, un motif, une faille, qui nous relie au texte. »

«  L’écriture doit être recherche de vérité, sinon elle n’est rien. Si à travers l’écriture tu ne cherches pas à te connaître, à fouiller ce qui t’habite, ce qui te constitue, à rouvrir tes blessures, à gratter, à creuser avec les mains, si tu ne remets pas en question ta personne, ton origine, ton milieu, cela n’a pas de sens. Il n’y a d’écriture que l’écriture de soi. Le reste ne compte pas. »

«  Rares sont les amis dont nous pouvons nous dire qu’ils ont changé notre vie, avec cette certitude étrange que, sans eux, notre vie tout simplement n’aurait pas été la même, avec l’intime conviction que l’incidence de ce lien, son influence, ne se limite pas à quelques dîners, soirées, ou vacances, mais que ce lien a irradié, rayonné, bien au-delà, qu’il a agi sur les choix les plus importants que nous avons faits qu’il a profondément modifié notre manière d’être et contribué à affirmer notre mode de vie. »

« Éprouvait-elle, elle aussi, ce doute permanent sur sa manière, tantôt hésitante, tantôt excessive d’évoluer dans le monde ? Cette peur de ne pas être dans le bon rythme, la bonne tonalité ? Ce sentiment de prendre les choses trop à cœur, de ne pas savoir maintenir sa propre distance de sécurité. »

«  Vous êtes le produit de la honte, de la douleur, du secret, de l’effondrement. Vous venez des territoires obscurs, innommés, ou bien vous les avez traversés […] Cela ne vous donne pas tous les droits. Mais cela vous donne celui d’écrire, crois moi, même si cela fait du bruit. »

«  Oui, l’écriture est une arme, Delphine, une putain d’arme de destruction massive. […] elle peut tout dévaster, mais elle peut aussi tout reconstruire. »

«  Peu de gens savent franchir les barrières que nous avons plantées dans la terre meuble et bourbeuse de nos tranchées. Peu de gens sont capables de venir nous chercher là où nous sommes vraiment. »

«  De certains mots, de certains regards, on ne guérit pas. Malgré le temps passé, malgré la douceur d’autres mots et d’autres regards. »

«  Ils contenaient ce que je croyais avoir oublié mais qui jamais ne s’efface. Ce qui continue d’agir, à notre insu. »

«  Mais oui, j’allais écrire. A voix haute s’il le fallait. »

«  Par quelle opération nous parvenons à assimiler certains événements, certains souvenirs qui se mélangent à notre propre salive, se diffusent dans notre chair, quand d’autres restent comme des cailloux coupants au fond de nos chaussures. Comment déchiffrer les traces de l’enfant sur la peau des adultes que nous prétendons être devenus ? Qui peut lire ces tatouages invisibles ? Dans quelles langues sont-ils écrits ? Qui est capable de comprendre les cicatrices que nous avons appris à dissimuler ?"

4 commentaires:

  1. Je le lirai un jour, mais je vais attendre plusieurs mois, j'espère apprécier plus que toi.

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    1. je pense sérieusement le relire un de ces quatre: ça fait partie de mes bonnes résolutions: prendre le temps pour mieux lire et pour relire!

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  2. Un chouette cadeau d'anniversaire. Une lecture que j'ai bien aimée, également.

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    1. Un beau cadeau que je relirai !!! j'aime beaucoup cette auteur !
      j'avais été chavirée par Jours sans Faim, No et Moi et par les autres!

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