dimanche 6 septembre 2015

Hizya (Maïssa Bey)



Détails sur le produit

  •   Hizya (Maïssa Bey)
  • Broché: 256 pages
  • Editeur : EDITIONS DE L'AUBE (3 septembre 2015)
  • Collection : Regards croisés
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 281591302X
  • ISBN-13: 978-2815913027



Mon résumé :
Hizya a 23 ans et des projets plein la tête. Comme l’héroïne dont elle porte le prénom, elle ne veut pas se plier aux règles. Comme elle, elle rêve d’un amour passionné, unique avec un homme qu’elle aurait choisi et qui l’aurait choisi.
Mais Hizya a 23 ans aujourd’hui et elle vit à Alger. Ses études de traductrice l’ont conduite à travailler... dans un salon de beauté. Hizya a deux frères aînés, une jeune sœur, une mère très secrète et exigeante, un père qui vit dans la nostalgie du passée.
Comment dès lors réaliser ses rêves ? Comment concilier envie de liberté et réalité du quotidien ?

Mon avis :

Dans les services de presse, on choisit parfois les livres un peu « par hasard »… il arrive parfois de d’être déçu… et parfois de tomber sur des pépites.  Hizya fait parti de la seconde catégorie.
Je n’ai jamais lu de livre de Maïssa Bey avant mais je compte vite remédier à ce manque. Une pépite…
L’auteur livre ici un magnifique portrait de femme. Une jeune femme confrontée à une réalité très éloignée de ses rêves de grandeur et de romance. Une jeune femme pleine d’interrogation quant à la place de la femme dans la société algérienne, quant à la place et à l’avenir de la jeunesse dans cette même société. De quel futur peut-elle rêver ?
Maïssa Bey a une écriture envoûtante. Elle sait trouver les mots justes pour décrire les paysages, mais aussi les sentiments de son héroïne. Une héroïne attachante dont on a envie de devenir l’amie, tant ses questionnements promettent des soirées de débats passionnés !
J’ai bien aimé cette «  petite voix » qui prend la plume pour houspiller Hizya, la pousser dans ses retranchements. Elle lui met sous le nez ses contradictions, les mensonges qu’elle se fait à elle-même, les vérités qu’elle travestit, amoindrit ou contourne, les chemins de traverse qu’elle emprunte.
Les autres femmes qui gravitent autour de Hizya sont tout aussi attachantes, intéressantes qu’il s’agisse de ses amies du salon, des clientes, de sa sœur ou de sa mère et sa grand-mère …

Un grand merci à Laura Imbert des éditions de l’aube pour cette découverte !

Citations :

« Respect pudeur soumission silence obéissance dévouement discrétion abnégation etc. Des mots béquilles dont elle a fait un chapelet qu’elle égrène aujourd’hui sans relâche et presque mécaniquement à notre intention. Les mots qui ont éteint toute lumière en elle. »

«  En somme, rien, rien de tous ces moments dont on ne sait s’ils sont tissés de bonheur ou de souffrance, mais qui seuls peuvent donner accès à toutes les fibres de l’être, même les plus secrètes. »

«  Ces femmes à qui, très jeunes, on apprend à se résigner et non à vivre. »

«  Famille : ensemble d’individus dont chacun ne donne à voir que la partie éclairée de lui-même. Quand il n’est pas totalement enfermé dans sa bulle. »

«  Mais depuis que j’ai découvert et appris le long poème dédié à cet amour, je n’entends plus les mots de la même façon. Ils ne rendent plus le même son. Ils n’ont plus la même saveur. »

«  Le bonheur chez nous n’existe pas. Quand tu recherches l’expression «  Bonheur en Algérie », l’ordinateur te répond systématiquement «  Error 404. Not found ! Essaie donc ! » »

«  C’est peut être le seul moyen que tu as trouvé pour ne pas trop t’attarder sur toi-même, pour ne pas plonger dans des eaux assez troubles dont tu ne sais pas au juste ce qu’elles peuvent recéler dans leurs profondeurs. »
« Comme ils sont nombreux ceux – et parmi eux mes  deux frères – qui aujourd’hui ne parlent plus de «  leur » pays mais de «  ce » pays ! Parce qu’ils sont la conviction que ce pays, leur pays les rejette. Parce qu’ils se sentent ignorés, exclus et savent qu’ils seront acceptés et ne s’y feront un place que s’ils développent le même sens de la prédation que leurs aînés. »

«  L’essentiel est ce qu’elles ont dans la tête et non sur la tête. »

«  Quand commencent les désillusions ? A quel moment se dessillent les yeux ? Quels gestes, quelles paroles ouvrent une brèche par où s’engouffrent parfois lentement, parfois violemment, le désamour ? Y a-t-il une limité au-delà de laquelle les serments ne sont plus valables ? »

«  Il faut que j’éteigne ce qu’il y a en moi de plus vivant, de plus remuant. Faire taire les battements rageurs des mots. Je veux parler des mots trompeurs qui se sont emparés de moi. Des mots ! Rien d’autre. Des mots qui s’accrochent, s’incrustent, se croient au dessus de tout. Mots arrogants, mots mensongers, qui reviennent à la charge même quand on veut les bannir.
Des mots auxquels je ne crois plus, auxquels je peux le dire maintenant, je n’ai jamais vraiment cru. »

4 commentaires:

  1. Une bonne pioche, alors. J'aime beaucoup les citations.

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    1. plus que bonne pioche:moi aussi j'aime bien ces citations... Pour les citations j'ai toujours peur d'en mettre trop .... je les trouve plus révélatrices de la qualité du livre que mon résumé!

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  2. j’espère vite le voir en librairie un grand merci .

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