- Heaven ( Meiko Kawakami).
- Actes Sud Littérature Lettres japonaises
- 240 pages
- traduit du japonais par : Patrick HONNORE
- ISBN 978-2-330-06074-9
Mon avis et résumé :
Ouch….
voici un livre dont on ne sort pas indemne.
Une lecture coup de cœur – coup au cœur - coup de poing.
C’était un
achat coup de tête. J’étais à la librairie pour autre chose quand mes yeux se
sont posés sur sa couverture assez originale. J’aime beaucoup la collection
Babel et la littérature japonaise. Alors j’ai saisi le livre. Le résumé m’a
intrigué et poussé à l’achat.
Le thème
n’est pourtant pas gai et le sujet noir.
En effet, tout commence par la
découverte d’un petit mot dans sa trousse par le héros.
Une trouvaille anodine ? Non
car le héros est le souffre douleur de sa classe. A cause d’un fort strabisme,
les autres élèves de la classe ont décidé qu’il devait souffrir.
Alors quand il découvre ce petit
mot, il se dit d’abord que c’est une brimade de plus.
Mais les petits mots se succèdent…
jusqu’à ce que l’un propose une rencontre.
Après avoir tergiversé,
Paris-Londres (c’est le surnom dont ses bourreaux ont affublé le héros) décide
d’en savoir plus. Il se rend au rendez-vous. Et découvre que l’auteur n’est
autre que Kojima, une fille de son âge, elle aussi victime de brimades de la
part des filles de sa classe. Kojima ne plaît pas aux autres car elle a décidé,
de négliger son apparence.
Une rencontre qui marque le début d’une
étrange histoire d’amitié entre deux adolescents.
La différence à l’adolescence, la peur de
l’autre, le besoin de se sentir fort dans un monde que l’on ne maîtrise plus,
et aussi (et surtout) la bêtise : voici sans doute les raisons de ce
déferlement de violence sur deux adolescents qui n’aspire qu’à vivre dans leur
coin.
Mais il est aussi question ici, de la façon dont les victimes subissent les violences, de comment ils tentent d’y échapper sans parvenir à le faire. Comment se défendre ? Doivent-ils se défendre et les dénoncer ? Et quid du futur, au lycée ? Comment vivre en collectivité en étant différent, VISIBLEMENT différent ?
Mais il est aussi question ici, de la façon dont les victimes subissent les violences, de comment ils tentent d’y échapper sans parvenir à le faire. Comment se défendre ? Doivent-ils se défendre et les dénoncer ? Et quid du futur, au lycée ? Comment vivre en collectivité en étant différent, VISIBLEMENT différent ?
Une liste
de questions tout aussi intéressante les unes que les autres …
Attention,
même si j’ai aimé ce livre, il n’en demeure pas moins dur et pourrait choquer. Car les explications que les harceleurs mettent
sur leurs actes est … horrible. On a l’impression que rien ne pourra jamais
changer. C’est effrayant. Un livre dur donc. Je n’arrive pas à mettre des mots
tant j’en suis sortie une boule au ventre. Mais je ne regrette pas ma
lecture !!! La sobriété de l’écriture fait d’autant plus ressortir la violence des
brimades. Le sujet du harcèlement
scolaire, vu du point de vue des victimes est traité de façon «
originale ».On s’interroge aussi sur la place des adultes dans tout ça,
leur aveuglement. L’omerta qui peut exister et empêcher de voir (ou aider à ne pas voir). Et le point de vue
de l’héroïne sur ce qu’elle subit est … surprenant.
Un livre à
lire !
Citations :
« Je
me sentais mal pour elle à chaque fois que je la voyais en classe, mais j’en
souffrais et c’est tout. Je ne voulais pas qu’elle sache que je l’avais vue,
alors je détournais les yeux, je faisais semblant de ne rien voir, c’est tout. »
« Ne
me refléter dans les yeux de personne me procurait un inexprimable sentiment de
sécurité. Rien de plus qu’un instant de
paix éphémère, certes, mais dans la mesure où j’étais seul, la certitude que
personne ne poserait ne serait-ce qu’un seul doigt sur moi m’était d’un grand
réconfort. »
«
Les autres… En réalité ils ne pensent rien. Ils ont simplement pris la suite de
quelqu’un d’autre, ils appliquent les mêmes schémas sans réfléchir à rien, mais
qu’elle signification ça a ? Qu’est ce que c’est en fait ? Pour des
gens comme eux, incapables d’imagination, nous sommes juste un exutoire, elle a
dit en soupirant. Tu sais… Parce que quand même, ça veut bien dire quelque
chose, en fait., Si on supporte et qu’on dépasse tout, tout au bout, il y a un endroit ou une chose, un événement
qui nous attend, mais que nous n’atteindrons jamais si nous n’avons pas
supporté jusqu’au bout, tu n’as pas l’impression ? Eux… les autres de la
classe, ils ne comprennent rien. Ils ne comprennent pas le sens de ce qu’ils
font. Ce qu’ils font, les sentiments que ça provoque chez les autres, la
souffrance d’autrui, ils n’y ont jamais réfléchi. Ils crient avec les autres
pour faire comme tout le monde, c’est tout. »
« J’ai
compris qu’en fait c’était juste un type qui n’avait sans doute jamais eu la
chance que quelqu’un lui apprenne les
choses importantes. […] Alors j’ai décidé de lui pardonner. Parce qu’en
définitive, est ce qu’il n’est pas plutôt une victime ?
D’ailleurs c’est ce que je pense aussi de plus
en plus de la classe. Je suis peut-être
leur victime, mais eux-mêmes sont les victimes de quelque chose de bien plus
grand, à mon avis. »
« En
fait ils leur foutent la trouille, tes yeux, ils sont morts de peur. Pas parce
que leur apparence est effrayante, parce que c’est le fait de ne pas comprendre
quelque chose qui leur fait peur. Pris individuellement, ils sont incapables de
quoi que ce soit, leur bande, ce n’est qu’un faux rassemblement hétéroclite, et
être confrontés à quelqu’un d’une autre sorte qu’eux leur fait peur, alors ils
veulent le détruire. »
« Mais
quand je l’ai eu fait mien, le mot s’est mis peu à peu à gonfler, lentement, et
à prendre une forme singulière. Le suicide n’était plus une affaire strictement
privée concernant un inconnu, c’était quelque chose que je pouvais tout à fait
m’approprier si je le voulais, je le ressentais maintenant au plus profond de
moi-même. »
«
Pour moi ce n’est pas du harcèlement. Et pas seulement toi et moi, à vrai dire
c’est pour tout le reste pareil. C’est juste des choses qui ne se passent pas
comme tu voudrais c’est tout. A la base,
entre ce que tu penses toi et le monde, il n’y a aucun rapport. Chacun essaie d’attirer
les autres dans son propre système de valeurs pour augmenter la masse de sa
propre cohérence, et c’est tout. »
Je ne pense pas pouvoir lire ce livre. Il ne faut pas réveiller les souvenirs
RépondreSupprimer??? auriez vous subi des harcèlements vous aussi... c'est vrai que c'est assez dur comme livre!!!Je n'ai pas arrêter de me demander" pourquoi???? " pourquoi faire subir ce genre de choses à quelqu'un!!!!
SupprimerTu nous mets l'eau à la bouche ! Mais ça a l'air très dur, tout de même.
RépondreSupprimerDur mais en même temps intéressant je trouve, dans façon dont les victimes se voient, voient les actes de leurs bourreaux...
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