dimanche 22 novembre 2015

Murs (Jacques Vazeille)



Détails sur le produit


  • Murs (Jacques Vazeille)
  • Broché: 152 pages
  • Editeur : Baudelaire (30 mai 2015)
  • Collection : BAU.BAUDELAIRE
  • Langue : Français
  • ISBN-13: 979-1020306524


COUP DE CŒUR!!!!!!!!!!!!!!!!


Mon résumé :
Un mur ça peut séparer mais aussi réunir. Un mur ça peut protéger mais ça peut aussi s’abattre.
Des murs il y en a vraiment de toutes les sortes. Il y a des murs en briques, des murs en carton, des murs invisibles que l’on a en soi…
Pour Mine, 12 ans, le mur il est entre sa maison et le Château. Sa maison elle y vit avec sa mère et sa petite sœur avec la menace que fait planer la Mère DDASS (merdasse pour les intimes) de l’envoyer en foyer. Le mur la sépare des résidents du Château qui sont des adultes handicapés.
Pour Samson, il y a plusieurs murs. Il y a celui que «  le vieux Monsieur » lui a construit dans la chambre qu’il doit bientôt occuper au Château. Ce mur-là il est fait de boites de cartons. Il est facile de l’abattre et de le reconstruire aussi. Son autre mur, à Samson il est dans sa tête. Car Samson, même s’il ne sait pas trop bien ce que cela signifie, est autiste. Alors il y a entre lui et le monde un mur d’incompréhension, ou peut être plutôt de mécompréhension….
Mais qu’ils soient de briques ou de cartons, visibles ou invisibles, les murs de cette histoire ne résisteront pas longtemps.

Mon avis :
En ces moments difficiles, ce livre est comme une bulle d’oxygène. Sa lecture m’a emporté sur une autre planète, une planète où l’amitié rend tout possible. Une planète où l’autre n’est pas vu comme un adversaire, mais comme celui qui permet de se libérer de soi-même, comme celui qui permet d’accéder à l’essentiel.
Comment ne pas craquer devant Samson, qui lit le dictionnaire pour tenter de comprendre le monde qui l’entoure.  
Qu’il m’a été doux de lire les échanges entre Mine et Samson. J’ai été touchée par la naissance de leur amitié, par leurs façons de s’apprivoiser, de se respecter l’un et l’autre. J’ai souri à la lecture de leur réflexion, à la fois candides et si vraies.
C’est un formidable message que nous délivre l’auteur. Il nous montre que « porteur de handicap » ou normal, nous gagnons tous à échanger les uns avec les autres, à nous ouvrir aux autres.


Citations :
«  C’est marrant ce mot : décédé. Il n’a pas l’air d’un vrai mot. On dirait qu’il a été inventé de toutes pièces pour parler d’autre chose. L’année prochaine j’écrirai : DCD…Sur, jamais j’écrirai : mort. Ils me poseraient plein de questions et je ne saurai pas quoi répondre. »

«  C’est quoi, être autiste ? » […] «  Nous te l’avons déjà dit cent fois, l’autisme est un trouble qui empêche d’être autonome dans la vie, d’avoir des relations simples avec les autres. D’une certaine façon, c’est ton problème. Pourquoi poses-tu toujours la même question ? Nous te faisons chaque fois la même  réponse. » En réalité ce n’est pas toujours la même réponse, mais ça ressemble. »

«  Il dit plus de chose sur le mur. Je tourne les pages sans rien lire. Aucun mot de retient mon regard. Tout est collé. Tout est figé. Je suis enfermé dans le vide. »
«  Je deviens fou et je vais bientôt quitter l’hôpital psychiatrique. »

«  Avec les années qui s’entassent mes rêves s’effilochent. Et mon envie de ne pas mourir s’étiole. »

«  Ce n’est pas mieux que les histoires de ma mère. «  Ton père ? Il est mort. » Et puis rien. Je suis née en somme dans un cimetière d’illusions perdues. Je devais avoir une sacrée envie d’exister. »

«  Samson me l’a dit. Lui aussi, certaines fois il casse tout autour de lui. Peut être que dans ces moments-là, il n’arrive pas à tenir collés ensemble les morceaux de son histoire, les morceaux de sa vie. »

« - Qu’est ce que c’est, imaginer ? Est-ce que c’est comme regarder les images d’un livre ?
- Si tu veux, mais c’est un livre qui n’existe que dans ta tête, qui n’appartient qu’à toi.
- Même si un docteur te regarde, il ne peut pas savoir ce que tu imagines ? Dans ma tête, il y a les livres que j’ai lus, avec des images aussi. »

«  Ce Samson a fait irruption dans ma vie et il prend toute la place. C’est peut être parce qu’il regarde les choses d’une façon spéciale qu’il se tient de travers. Avec lui, tout ce qui est bizarre devient normal. »

«  J’avais affaire à quelqu’un de tellement inhabituel. Et en même temps tellement simple,… Je cherche le bon mot, et je n’ai que «  absent » et «  disponible » dans ma tête. En fait tu étais simplement absent et disponible à la fois ça ? Ça, je ne saurai jamais le faire. »

«  J’ai compris que tu ne regardes pas le monde avec les mêmes yeux que moi, et pas du tout du même endroit. Mais nous regardons tous les deux le même monde. Et ce que tu dis, ce que tu vous, c’est très important si je veux comprendre le monde. »

«  De toute façon, on ne peut avoir complètement que des choses. Les personnes, on ne les a jamais vraiment. On a des histoires avec les personnes. La seule personne qui est à moi complètement, c’est moi. »

«  Moi aussi j’aime bien parler avec toi. Tout ce que tu dis est limpide. Tu ne sais pas te cacher derrière les mots. »

6 commentaires:

  1. Réponses
    1. exactement: il parle de ce rencontre, de déconstruction des murs qui nous enferment , que l'on construit pour se protéger, alors que c'est la présence de l'autre qui nous permet de nous révéler, de nous offre une vraie protection!!!

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  2. Madame "Titou",
    Mon éditeur m'a transmis le texte que vous avez rédigé à propos de mon livre "Murs".
    Je suis devant un dilemme :
    _ Rester silencieux et ne pas réagir. Ce serait en contradiction avec ce que j'ai ressenti lorsque j'en ai pris connaissance, avec le mérite de la discrétion, mais la marque d'un fallacieux désintérêt.
    _ Vous répondre et vous dire combien j'ai apprécié votre propos, au risque de l'immodestie.
    Entre les deux maux je choisis le moindre. J'écris.
    Avant tout, figurer sous le chapeau d'Henry Miller est un honneur auquel je ne m'attendais pas.
    Maintenant, quelques précisions.
    Dans ce livre, j'ai essayé de traduire le plus simplement possible les modes de compréhension du monde par une personne autiste. C'est du moins ainsi que je me représente les choses après plus de vingt ans de fréquentation.
    Mais avant tout, j'ai raconté une rencontre. Mon expérience m'a démontré que c'est possible à condition de rester simple, disponible et ouvert... et d'y mettre du sien.
    Surtout, je me suis tenu le plus possible à l'écart des polémiques imbéciles qui, dans notre pays, pourrissent la vie des personnes autistes, de leurs familles et des professionnels de tous bords qui, le plus honnètement du monde, cherchent à comprendre et à aider.
    Dans ce domaine il nous reste beaucoup à apprendre.
    Mais comme nous le montre abondamment la statuaire bouddhiste, la connaissance n'est rien si elle n'est pas accouplée à la sagesse... et réciproquement.
    Il me reste à vous dire que votre texte m'est allé droit au cœur.
    Peut être n'ai je pas écrit dans le désert.
    J. Vazeille,,,,

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    1. Non vous n'avez pas écrit dans le désert, et j'espère que ce livre sera lu et relu. Il m'a vraiment touché. Je pense que je le relierai: je suis enseignante et je serai peut-être confrontée l'an prochain à l'accueil d'un enfant avec un comportement autistique ( je ne sais pas comment dire). J'avoue que j'appréhende, car je voudrais accueillir le mieux possible ce petit garçon... auriez vous des lectures à me conseiller pour m'aider ?
      merci beaucoup d'avoir réagit!!! et excusez le temps que j'ai mis à répondre!!!

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  3. Deux êtres en devenir. Un mur les sépare et les protège. Ce mur devient un lieu de rencontre,de rapprochement,de découverte de l'autre. Une histoire simple, belle, touchante.

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    1. L'auriez vous lu? si la réponse est non: je vous le conseille!!!

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