Une lumière dans la nuit,
Oh non !!
Ils ont laissé la lumière extérieure allumée ! C’est signe qu’ils
m’attendent. Quelle heure est-il ? Non ! Deux heures du matin !!!
J’ai donc… 2 heures de retard ! Je vais me faire incendier.
Pour une fois que j’avais obtenu la permission de sortie… enfin, plutôt arrachée la permission de sortie. Devoir se battre autant pour une simple permission de minuit! C’est énervant ! J’ai quand même 17 ans. J’ai toujours été raisonnable. Jamais je n’ai outrepassé les règles. Jamais je ne les ai contredis. Jamais je ne les ai critiqués. Jamais…
Pourtant
ce n’est pas l’envie qui me manque. Quand je les vois si engoncés dans leurs
petites habitudes, dans leur train-train quotidien. Est-ce pour se rassurer que
toute leur vie est ritualisée ? Mais alors de quoi ont-ils peur ?
Quand
j’en parle avec mamie, elle non plus ne comprend pas. Elle me dit qu’ils n’étaient
pas comme ça quand ils se sont rencontrés, ni même après leur mariage. Est-ce
mon arrivée sur terre qui les a plombés comme une balle dans l’aile d’une
perdrix ? Craignent-ils de ne pas être de bons parents ? Craignent-ils
le regard des autres ?
Je sais ce
qu’ils vont me dire : « On ne peut pas être sûrs des autres, de leurs
comportements. » ou alors « avec tous ces détraqués qui traînent
dehors ». Peut-être que c’est en moi qu’ils n’ont pas confiance !
Comme
si j’allais faire la révolution !!!
Et que
vais-je bien pouvoir leur dire ?
« La
vérité » me dirait ma grand-mère. Mais ils ne pourraient pas la comprendre
la vérité. Ils vont penser que je mens si je leur dis que nous n’avons rien
fait. Alors que c’est vrai. Nous n’avons rien fait. Ou plutôt si, nous avons
fait plein de choses mais pas ce qu’ils pensent. Nous n’avons que parlé. De
tout, de rien. De nous. Du reste du monde. De la vie, de la mort. Du passé et
du futur. De nos envies et de nos dégoûts. C’était si intense. Les mots s’enchainaient
les uns aux autres. Parfois précipités, parfois de façon plus lente, juste comme de l’eau qui coule.
C’est un
peu comme si cette soirée avait été une bulle. Une bulle d’oxygène dans ma vie.
J’ai l’impression d’avoir découvert quelqu’un. D’être enfin devenue adulte.
Pour une fois, je n’étais pas différente des autres. J’étais moi-même, acceptée
comme je suis : avec mes forces, mes faiblesses, mes qualités, mes défauts.
Et là,
cette lampe c’est comme une aiguille qui percerait ma bulle. Un atterrissage forcé.
Loin d’éclairer ma soirée, elle l’assombrie.
Je peux
comprendre qu’ils soient inquiets. Mais je ne peux pas supporter cette
inquiétude. Elle me renvoie trop de choses. C’est comme s’ils me pensaient
incapable de faire face, de prendre les bonnes décisions. Comme si j’étais
encore un être faible à protéger alors que je me sentais tout d’un coup forte
et apte à affronter le monde.
Une lumière
qui éteint. Bon allez je dois entrer, pousser cette porte en gardant à l’esprit
que je les aime et qu’ils m’aiment… que c’est leur amour qu’ils me montrent
dans cette lumière restée allumée.
Tu rends très bien la relation complexe entre les parents et leur ado ! Et je parle d'expérience ;-) !
RépondreSupprimerhihihi... pourtant je n'ai pas d'ado!!!
SupprimerEt dire qu'ils voulaient peut-être juste lui laisser la lumière pour qu'elle ne tombe pas dans les escaliers!
RépondreSupprimeron ne le saura jamais !
SupprimerAh bien vu, la lumière allumée, détail qui a son importance, en effet ! Sympa d'avoir construit cette histoire autour. :)
RépondreSupprimermerki
SupprimerJolie scène, moment "important" de la vie d'un ado. Bien écrit :-)
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